La salle de presse Biennale Internationale Design Saint-Étienne : Interviews croisées Éric Jourdanl & Laurence Salmon,

Biennale Internationale Design Saint-Étienne : Interviews croisées Éric Jourdanl & Laurence Salmon,

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Cité du design (Saint-Étienne)

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Éric Jourdan, Directeur général de l’EPCC Cité du design-Esadse, commissaire général
Laurence Salmon, Directrice du développement culturel et artistique à la Cité du design, commissaire de l’exposition thématique Ressource(s), présager demain

Plongé dans une époque devenue fluctuante, marquée par l’épuisement annoncé de certaines ressources, la réalité́ palpable du changement climatique, la mise en doute de certaines certitudes modernes, le designer se sent « intranquille », ce qui l’amène à questionner sa pratique. Avec quelles ressources travaille-t-il déjà aujourd’hui pour dessiner de nouvelles façons d’agir ou d’habiter ? C’est le sujet de la 13e Biennale Internationale Design Saint-Étienne qui se tiendra du 22 mai au 6 juillet 2025.
Il ne s’agit pas ici de parler uniquement de ressources naturelles, mais bien d’interroger toute la richesse polysémique du mot « ressource », en relation avec le designer et sa pratique du projet.

Biennale Internationale Design Saint-Étienne : Interviews croisées Éric Jourdanl & Laurence Salmon,
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Pouvez-vous nous présenter la thématique de cette prochaine édition de la Biennale et pourquoi a-t-elle été choisie ?
 
Laurence Salmon : Cette 13e édition s’intitule Ressource(s), présager demain. Une ressource est un gisement à exploiter. Cette idée forte au 19e siècle résonne avec l’histoire manufacturière de Saint-Etienne. Aujourd’hui, la logique extractive est remise en cause, par contre la notion de ressources locales, propres à un territoire est valorisée. Nous allons en parler à plusieurs endroits, dans la grande exposition qui explore la thématique, également dans l’exposition Design des Territoires, portée par l’Ensad. La polysémie du mot « ressource » permet une large appropriation. Tout est susceptible de constituer une ressource, y compris les productions intellectuelles et culturelles. On entend montrer, démontrer que le design est une ressource : il a une place centrale dans un monde fait de changements et de mutations. Face aux défis environnementaux, on est face à une réévaluation des méthodes de production et de consommation du monde développé. Le designer a de la ressource : il est en capacité par sa créativité, sa culture du projet, sa gestion des contraintes, sa démarche responsable, de dessiner des mondes nouveaux, d’envisager des améliorations ou des adaptations qui prennent en compte ces enjeux sociétaux.

Pour 2025, de grandes expositions, un pays mis à l'honneur, un programme événementiel riche et une scénographie marquante sont au programme. Quelles informations pouvez-vous déjà partager à ce sujet ?
 
Eric Jourdan : Les expositions de la Biennale se tiennent dans deux lieux distincts : la Platine à la Cité du design et les halles Barrouin, une friche industrielle. Pour investir ce lieu, nous avons fait appel au designer-scénographe Joachim Jirou-Najou pour mettre en valeur ce lieu historique et les projets qui y seront exposés. A la Platine, l’Arménie, pays invité de cette 13e édition est à l’honneur. Les trois commissaires, Jean-François Dingjian, Eloi Chafaï et Nairi Khatchadourian y présentent le travail d’une quinzaine de créateurs actifs dans les champs du design, de l’architecture, de la mode, du graphisme... C’est bel et bien leur inventivité qui est la ressource, la vitalité de la société arménienne contemporaine.
 
Laurence Salmon : L’exposition thématique qui se déploie dans les Halles Barrouin donne, quant à elle, la parole à 9 designers, qui sont associé.e.s au titre de co-commissaires à la sélection de près de 150 projets venus du monde entier. On va y découvrir les ressources avec lesquelles les designers travaillent déjà aujourd’hui pour penser demain.
 
Eric Jourdan : Dans le mot « ressource », on entend l’idée de potentiel, de propositions, de recherche. Une grande place est accordée aux écoles et aux étudiants dans cette 13e édition. C’est pour nous une façon de renouer avec les premières biennales en mettant à l’honneur l’exploration faite par les étudiants. L’exposition Le droit de rêver regroupe les projets de nos jeunes créateurs à l’Esad Saint-Etienne, issus d’une quinzaine de workshops qui se sont tenus cette année avec la participation de personnalités du monde de l’art et du design. Citons aussi les expositions Design des territoires et Fabécole. La Biennale trouvera un écho un peu partout dans la métropole stéphanoise, dans l’espace public, mais aussi avec une programmation associée comme la nouvelle proposition de matali crasset au site Le Corbusier à Firminy.
 
Vous jouez tous deux un rôle clé dans l'organisation de cette 13ᵉ édition. Éric Jourdan, vous êtes à la fois commissaire général, designer et directeur général de l’EPCC. De votre côté, Laurence Salmon, vous occupez les fonctions de directrice du développement culturel et artistique de l’EPCC ainsi que de directrice scientifique de la Biennale. Quelles sont vos priorités respectives pour cet événement ?
 
Eric Jourdan : Vous mentionnez que je suis designer ET directeur de l’EPCC, cela résume un peu le point de départ ou la philosophie, si vous préférez, de l’établissement : faire en sorte que la figure du designer soit au centre du projet de cette biennale. On envisage le designer et son rôle auprès des entreprises, auprès des institutions, son rôle de créateur, celui qui fait en sorte que sa création puisse modifier la trajectoire d’une entreprise, l’améliorer, faire en sorte qu’elle soit plus complète, plus riche. Sa création doit avoir un impact tant sur la production que la commercialisation et aussi sur la communication. L’objectif, c’est d’incarner cette idée de design par la personnalité d’une femme ou d’un homme qui est designer. On a trop tendance à faire du design une généralité alors que c’est la singularité de chaque créateur qui fait LE design. Beaucoup de commissaires qui travaillent sur cette Biennale sont aussi des designers et avoir leur regard sur la création de leurs pairs n’est pas si fréquent.
 
Laurence Salmon :  La biennale est un évènement-laboratoire où le design expose sa diversité et ses recherches ; cela va de pair avec une programmation hautement festive les week-ends et des moments privilégiés de rencontres, de débats, d’échanges que l’on construit pour intéresser tous les publics : les familles comme les professionnels, les simples curieux comme les amateurs avertis... Ma priorité est que cette manifestation d’une grande intensité durant six semaines rencontre ses publics ! Que chacun prenne conscience que le design – partie intégrante de nos vies - est facilement appréhendable dès lors que l’on fournit des clés de lecture.
 
Quelle expérience souhaitez-vous offrir aux visiteurs de la Biennale ?
Eric Jourdan : Faire comprendre que le design est là pour accompagner un quotidien et le rendre beau, plaisant. Ce n’est pas qu’une affaire de fonctionnalité ou d’avoir un objet qui sert, qui marche bien, c’est aussi être environné de choses bien dessinées. Le design, c’est une histoire de supplément d’âme. Je tiens vraiment à partager cela.
 
Laurence Salmon : Oui, tout à fait. Le designer a une approche sensible du monde. Un objet bien pensé et bien dessiné est un objet de culture. Il est un concentré de sens et d’histoires de différentes natures.  
 
Comment avez-vous sélectionné les designers participants ?
 
Eric Jourdan : Pour des projets comme Le droit de rêver, qui met en valeur le travail en workshops des étudiants de l’Esad Saint-Étienne, le choix des intervenants a été un riche travail collectif de recherche et de sélection avec les enseignants de l’école. C’est un panel de créateurs internationaux et d’alumni de l’école qui mènent de très belles carrières désormais. Pour l’ensemble de la programmation, nous avons été attentifs à présenter des profils très variés, de toute génération. La diversité est féconde pour le dialogue autour de la création.
 
Et quels sont, toujours selon vous, les projets ou œuvres incontournables de cette édition ?
 
Eric Jourdan : L’exposition Qui êtes-vous Raymond Guidot donnera à (re)voir la grande histoire du design en France. Tout un corpus d’archives inédites va révéler au public les différentes facettes de cette personnalité remarquable. Il faut espérer que les créations produites par les étudiants avec les designers invités dans Le droit de rêver nous laisse des pièces incontournables de l’histoire à venir. C’est même notre but ! Il faut qu’on découvre des choses inédites, des objets qui ont été conçus spécialement pour la Biennale. Je fais confiance à ces jeunes designers pour nous surprendre, voire nous émerveiller !
 
Enfin, quels conseils donneriez-vous à de jeunes designers qui souhaiteraient exposer dans de grands évènements comme celui-ci ?
 
Eric Jourdan : Le meilleur moyen de se faire repérer c’est d’avoir la production la plus singulière possible, un jeune designer doit se faire aimer, choyer, kidnapper par un désir, une soif d’être différent. Ce n’est pas le moment de rentrer dans le moule. Il faut prendre position, prendre le risque de se tromper. Il faut savoir être en marge des modes, de la mode, comme des modes de production. Cela peut être plus ou moins long, mais ce qui est posé à 25 ans, s’inscrit dans le temps.
 

En savoir + : www.citedudesign.com /  https://www.citedudesign.com/fr/a/13e-biennale-internationale-design-saint-etienne-3174)

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