Parce qu'il n'y a pas que les NFT dans la vie
Depuis six mois, le monde de l'art se passionne pour la blockchain : cette technologie qui a fait une entrée fracassante aux enchères en mars 2021 avec la vente d'une œuvre numérique de Beeple, pour 69,4 m$ chez Christie's New York . La vente de ce NFT, suivie par celle de Pak chez Sotheby's et de Mad Dog Jones chez Phillips, a fait couler énormément d'encre, reposant la question de ce qu'est la création artistique et comment celle-ci circule au début du 21ème siècle.
Dans son rapport du Marché de l'Art au 1 er semestre 2021, ( https://fr.artprice.com/artprice-reports/le-marche-de-lart-contemporain-2021 ) Artprice tient tout de même à préciser que les ventes aux enchères publiques de NFT ne pèsent encore que 2 % du produit de ventes mondial . Un marché de niche, réparti entre New York (90%) et Hong Kong (9%), et qui compte moins d'une centaine de lots au total au S1 2021.
Le marché de la peinture traditionnelle reste donc 35 fois plus important que celui des NFT. Cependant, en six mois d'existence, ce dernier est déjà deux fois plus faste que le marché de la photographie, qui compte 10 000 lots vendus mais pour seulement 66 m$ (deux fois moins que le produit de ventes des NFT sur la même période).
Paris capitale prudente mais non pas attentiste
Comme chaque automne, la capitale française accueille la plus incroyable palette d'expositions, couvrant à peu près toute l'Histoire de l'Art : de Botticelli au Musée Jaquemart-André à Georg Baselitz et Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou, en passant par la Collection Morozov à la Fondation Louis Vuitton et l'ouverture de la Collection Pinault à la Bourse de Commerce.
Au même moment, Almine Rech et la Galerie Perrotin présentent le travail d'une des plus talentueuses représentantes de la création artistique française actuelle, Claire Tabouret. Deux autres galeries, Lévy Gorvy et Nathalie Obadia présentent quant à elles le travail de l'artiste afro-américaine Mickalene Thomas .
Top 3 des artistes français vivants par produit de ventes aux enchères (S1 2021)
- Pierre Soulages (1919) : 30 680 000 $
- Claire Tabouret (1981) : 3 011 000 $
- Robert Combas (1957) : 2 820 000 $
Toujours après Londres
La capitale française espère pouvoir tirer profit du Brexit sur le Marché de l'Art. De proéminents galeristes, à l'instar de Lévy Gorvy et de David Zwirner , ont ouvert un espace parisien pour anticiper l'isolement du marché britannique. Larry Gagosian inaugure quant à lui un 3ème espace dans la capitale française. Mais depuis la sortie officielle du Royaume-Uni de l'UE, la rivalité entre les deux capitales n'a pas tellement évolué.
Durant la Frieze Week, de très belles pièces signées Basquiat, Richter, Hockney ont été adjugées à Londres. De quoi rassurer en partie le marché local. L'événement a même été créé avec la réapparition de l'oeuvre Girl with Balloon de Banksy, celle-là même qui s'était autodétruite en 2018 après avoir été vendue 1,4 m$. Trois ans plus tard, l'oeuvre a changé de titre ( Love is in the bin ) mais aussi de prix : 25,4 m$.
A Paris , aucun lot proposé par Chirstie's ou Sotheby's ne devrait atteindre de tels sommets pendant la FIAC. Pourtant de très belles pièces de l'Avant-Garde seront mise en vente dans les salles parisiennes : Magritte, Manet, Picabia, … Ainsi pendant que les galeries montrent le meilleur de la création contemporaine à la FIAC et dans leurs espaces respectifs, les maisons de ventes continuent de rappeler que Paris a longtemps été la capitale artistique du monde.