La salle de presse L’attractivité de l’espace économique de l’ASEAN : des entreprises japonaises délocalisent leur production de la Chine en Asie du Sud-Est - L’avenir commun de l’Asie et du Japon

L’attractivité de l’espace économique de l’ASEAN : des entreprises japonaises délocalisent leur production de la Chine en Asie du Sud-Est - L’avenir commun de l’Asie et du Japon

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Un nombre croissant d’entreprises japonaises implantées en Chine transfèrent leurs bases de production vers des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Ce phénomène fait suite au ralentissement de la croissance économique chinoise et aux inquiétudes croissantes quant aux risques de faire des affaires en Chine, où des résidents étrangers ont été arrêtés pour des motifs vagues.

L’attractivité de l’espace économique de l’ASEAN : des entreprises japonaises délocalisent leur production de la Chine en Asie du Sud-Est - L’avenir commun de l’Asie et du Japon
Le marché immobilier chinois en berne : des immeubles résidentiels à Guizhou, en Chine. (c) Jiji Press.
La stagnation de l’économie chinoise est manifeste, notamment dans les secteurs de la production, de la consommation et des investissements. Au deuxième trimestre (avril-juin) 2024, le produit intérieur brut (PIB) du pays a enregistré une croissance de 4,7 % en glissement annuel, soit 0,6 point de moins qu’au premier trimestre (janvier-mars). Les données économiques d’août montrent que les ventes du commerce de détail, un indicateur des tendances de la consommation, n’ont augmenté que de 2,1 % par rapport à l’année précédente. Ce phénomène s’explique en grande partie par l’effondrement du secteur immobilier. Le marché immobilier et les secteurs connexes représentent un quart du PIB de la Chine, mais les investissements dans le développement immobilier ont chuté de 10,2 % en glissement annuel au cours de la période allant de janvier à août 2024. Pendant la pandémie de Covid-19, la Chine a mis en oeuvre une « stratégie zéro Covid », qui a eu pour effet de confiner les citoyens chez eux, de porter un coup dur aux secteurs du tourisme et de la restauration et de conduire à une concentration des investissements dans l’immobilier. Les prix de l’immobilier ont augmenté de manière exponentielle. Face à cette situation, le gouvernement chinois a imposé de lourdes restrictions aux transactions risquées. Cela a entraîné une chute drastique des prix de l’immobilier, et de nombreux grands promoteurs immobiliers ont vu leurs activités péricliter. Bien que des acomptes aient été versés, les bâtiments n’ont jamais été construits : la multiplication de cas similaires a entraîné un net refroidissement de la consommation au sein de la population.

De surcroît, le gouvernement chinois, qui accorde une importance primordiale à la sécurité nationale, a instauré la loi sur le contre-espionnage en 2014. Celle ci a eu pour conséquence l’arrestation de nombreux étrangers, y compris des Japonais, pour « actes d’espionnage », dont la définition reste floue. Depuis juillet 2024, de nouvelles réglementations ont été mises en place, qui permettent aux autorités d’inspecter le contenu des appareils électroniques des individus et des organisations pour des actes d’espionnage. Ces mesures soulèvent de nouvelles inquiétudes quant à la possibilité que même les activités économiques ordinaires puissent être surveillées. Compte tenu du faible espoir d’une croissance significative du marché chinois, conjugué aux risques de mener des activités économiques en Chine, les investissements internationaux directs dans le pays ont chuté de 29,1 % en glissement annuel entre janvier et juin 2024. À cela s’ajoutent d’autres problèmes, tels que le risque de droits de douane élevés sur les produits fabriqués en Chine et exportés vers les États-Unis en raison des tensions continues entre les deux pays, ainsi que la hausse des coûts de main d’oeuvre en Chine.

Dans ce contexte, les entreprises japonaises se tournent vers l’Asie du Sud-Est pour y implanter de nouvelles bases de production. En janvier 2023, Sony a délocalisé sa production d’appareils photo destinés au Japon, à l’Europe et aux États-Unis de la Chine vers la Thaïlande. Désormais, ses usines en Chine ne fabriquent plus que des produits destinés au marché intérieur, ce qui lui permet de réduire sa dépendance vis-à-vis du pays. Kyocera prévoit également de transférer une partie de sa production d’outils électriques de la Chine vers le Vietnam au cours de l’exercice 2024. Le site vietnamien se concentrera principalement sur la fabrication de produits destinés au marché américain, afin d’éviter les droits de douane imposés aux exportations chinoises. Selon Teikoku Databank, le nombre d’entreprises japonaises implantées en Chine est passé de 14 394 en 2012 à 13 034 en 2023. De nombreuses entreprises optent pour un retour au Japon ou pour une relocalisation en Asie du Sud-Est. Cette tendance s’observe dans le classement des pays accueillant le plus grand nombre de filiales d’entreprises japonaises à l’étranger, où l’Asie du Sud-Est occupe désormais trois des cinq premières places : la Chine arrive en tête, suivie des États-Unis, de la Thaïlande, de Singapour et du Vietnam.

L’Asie du Sud-Est s’avère attractive à plus d’un titre pour les entreprises japonaises. Outre sa proximité géographique avec le Japon, elle dispose d’un vivier important de ressources humaines dotées de compétences techniques et maîtrisant de nombreuses langues, dont l’anglais, ce qui permet aux entreprises de s’assurer une main-d’oeuvre stable. Par ailleurs, de nombreux pays de l’ASEAN se caractérisent par des politiques fiscales très transparentes et des taux de change stables. Les villes ont mis en place des infrastructures solides, notamment en matière d’énergie électrique et de réseaux de transport, ce qui facilite la construction d’usines et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, de la production à la vente en passant par la distribution.

Le marché de l’Asie du Sud-Est s’avère très attractif. La population totale des 10 pays de l’ASEAN s’élève à environ 670 millions d’habitants. Elle est supérieure à celle de l’Union européenne (UE), qui compte environ 450 millions d’habitants, et est la troisième plus importante au monde après l’Inde et la Chine. L’âge médian y est également jeune et, contrairement à de nombreux pays développés, la région n’est pas encore confrontée au problème du vieillissement de la société et de la baisse du taux de natalité. Le PIB nominal combiné des 10 pays de l’ASEAN a atteint environ 3 810 milliards de dollars américains en 2023, ce qui le place juste après les États-Unis, la Chine, l’Allemagne et le Japon. Les prévisions indiquent qu’il dépassera le PIB du Japon d’ici 2030. Le vieillissement de la population et la faible natalité font craindre un rétrécissement du marché et de la main-d’oeuvre au Japon à l’avenir. Les entreprises japonaises ont beaucoup à gagner à exercer et à étendre leurs activités en Asie du Sud-Est, qui dispose d’un marché important, de riches ressources humaines et qui est qualifiée de « centre de croissance mondial ».

Le Japon et les pays de l’ASEAN ont noué divers partenariats de coopération dans les domaines politique, économique et en matière de politique étrangère. Le Japon est un membre actif de nombreux cadres de politique étrangère et de sécurité de l’ASEAN, tels que le Sommet de l’Asie de l’Est (EAS), lancé en Malaisie en 2005, le forum régional de l’ASEAN (ARF), qui traite des questions politiques et de sécurité, et la réunion des ministres de la Défense de l’ASEAN élargie (ADMM+), la seule réunion formelle des ministres de la Défense de la région Asie-Pacifique. En 2020, le Partenariat économique régional global (RCEP) a été officiellement signé. Outre les pays de l’ASEAN, il inclut le Japon, la Chine, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La mise en place d’un espace économique ouvert, en offrant un accès aux marchés et en établissant des règles économiques, accélère le libre-échange actif, y compris pour les petites et moyennes entreprises.

Si l’Asie du Sud-Est est attrayante pour le Japon, le Japon doit également l’être pour l’Asie du Sud-Est. Les chefs d’entreprise d’Asie du Sud-Est reprochent souvent aux entreprises japonaises la lenteur de leur prise de décision. Ils attribuent cela à une coutume spécifiquement japonaise selon laquelle de multiples réunions sont nécessaires pour prendre la moindre décision, et tout le monde doit ensuite attendre qu’elle soit approuvée par le siège social au Japon. Par ailleurs, les générations d’Asie du Sud-Est qui ont grandi en appréciant les marques et les mangas japonais ont aujourd’hui la quarantaine ou la cinquantaine. Or, la jeune génération, qui représente le moteur de la consommation, se tourne désormais également vers les cultures sud-coréenne et chinoise. Il est donc crucial de redoubler d’efforts pour s’assurer que l’Asie du Sud-Est choisisse le Japon comme partenaire.

L’année dernière, le Japon et l’ASEAN ont célébré le 50e anniversaire de leurs partenariats de coopération. Cette relation a pourtant débuté dans un climat d’animosité. Le Japon s’est attiré les foudres de l’Asie du Sud-Est en exportant des quantités massives de caoutchouc synthétique bon marché vers l’ASEAN, producteur de caoutchouc naturel, ce qui a conduit à la tenue du forum ASEANJapon sur le caoutchouc synthétique en 1973. Des relations amicales se sont instaurées lorsque le Japon a promis de faire attention à ne pas interférer avec l’industrie du caoutchouc naturel de l’ASEAN. Le proverbe « Après la pluie vient le beau temps » est parfait pour illustrer cet épisode. L’année 2024 pourrait marquer le début d’un nouveau demi-siècle de partenariats de coopération. À l’avenir, la solidité de ce partenariat avec l’ASEAN dépendra des efforts déployés par le Japon.

Par Akio Yaita
Journaliste. Diplômé de la faculté des lettres de l'université Keio. Après avoir obtenu son doctorat à l'Académie chinoise des sciences sociales, il a travaillé comme correspondant du Sankei Shimbun à Pékin et comme chef du bureau de Taipei. Auteur ou co-auteur de nombreux ouvrages.

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