Pollution anthropique : L'impact des microplastiques sur les océans et les écosystèmes
Une pollution majeure issue des activités humaines
D'après l'Office Français pour la Biodiversité, 80 % des pollutions marines proviennent des milieux terrestres. Ces pollutions résultent principalement de la fragmentation de déchets plus grands ou de produits fabriqués à des fins industrielles ou domestiques. Zoé Iannuzzi, chercheuse spécialisée dans les microplastiques, précise : « De nombreuses études ont démontré la contribution des grands fleuves internationaux à la pollution des océans. Cependant, les recherches ont élargi leur focus aux villes, révélant que l'émission de microplastiques est en grande partie liée aux activités urbaines. »
L’hyperaccumulation des microplastiques dans l’environnement
La toxicologie des microplastiques est complexe, et établir un lien direct entre leur présence dans l'environnement et leurs effets sur la faune reste un défi scientifique. Cependant, les recherches progressent. Rémy Bayard, Professeur des universités et co-directeur de la thèse de Zoé Iannuzzi, souligne : « Nous savons qu’il existe une hyperaccumulation de microplastiques dans tous les écosystèmes, affectant non seulement les sols et l’eau, mais aussi l’air, même dans des zones éloignées des zones humaines. »
Zones industrielles et urbaines : des concentrations élevées en microplastiques
Zoé Iannuzzi mène une étude en collaboration avec la Métropole de Lyon, axée sur les déversoirs d'orage. Ces bassins de rétention permettent de récupérer la pollution à sa source. Zoé Iannuzzi précise : « Ces bassins sont essentiels pour évaluer les stocks de microplastiques et analyser les risques de leur migration vers les nappes phréatiques. » L'étude révèle que les concentrations en microplastiques sont beaucoup plus élevées dans les zones urbaines denses et industrielles. De plus, les débits d’eau plus élevés et l’eau trouble favorisent des concentrations plus importantes de ces particules.
Les principales sources urbaines des microplastiques
Pour identifier les sources de pollution, Zoé Iannuzzi et ses collègues ont échantillonné l’eau des bouches d'égout de Lyon. Zoé explique : « Les microplastiques pénètrent les réseaux séparatifs d’eaux pluviales, se retrouvant ainsi dans les bassins de rétention. » Les principales sources de pollution identifiées sont :
- Le trafic routier, notamment les pneus de voiture et les peintures de véhicules, particulièrement dans les zones industrielles avec une forte circulation de poids lourds.
- Les activités industrielles, notamment les décharges et le stockage de déchets sur les sols.
- Le secteur de la construction, responsable de la pollution par les microplastiques provenant des fenêtres en PVC et des matériaux de construction, avec un phénomène d’érosion sous l’effet de la pluie et du soleil.
La recherche pluridisciplinaire pour une transition écologique
Zoé Iannuzzi, économiste de formation et titulaire de deux masters en sciences de l’environnement, apporte une approche pluridisciplinaire à ses recherches. Gislain Lipeme, co-encadrant de sa thèse et professeur des universités, explique : « Son expertise économique enrichit l’analyse des sources de pollution anthropique, offrant ainsi une vision innovante sur les microplastiques. » La recherche de Zoé Iannuzzi bénéficie également de l’expertise de Rémy Bayard, spécialiste des interactions écologiques, et d’un regard précis sur l’hydrologie urbaine. Cette approche pluridisciplinaire est essentielle pour comprendre un phénomène aussi complexe.
Rémy Bayard conclut : « La transition écologique impose un changement de paradigme dans nos recherches. Nous devons adopter une approche systémique et complexe, à l’intersection des disciplines, pour mieux appréhender les enjeux socio-écologiques. »