« L’idéologie bretonne. Entre authenticité et nationalisme soft » : pourquoi la théâtralisation permanente de l’identité régionale rencontre, en Bretagne, un tel succès ?

André Rousseau étudie le consensus autour de la construction de l’identité bretonne.
André Rousseau est docteur en sociologie et chercheur associé au Centre de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC) de l’UBO. Il s’est penché sur la question de l’idéologie bretonne.
Ce livre se présente comme un outil scientifique pour le grand public et les élus afin de prendre un recul critique sur les croyances de l’identité bretonne.
Plus précisément, à travers ce livre, André Rousseau cherche à comprendre comment s’est établi – et pas seulement entre les Bretons – un consensus à propos de la Bretagne : « Pourquoi la théâtralisation permanente de l’identité régionale rencontre-t-elle en Bretagne et à l’extérieur, un accueil enthousiaste jamais démenti ? »
 
Le terme « idéologie » résume – mieux que celui d’identité - l’ensemble des croyances, traditions plus ou moins réinventées que des acteurs divers et en concurrence orchestrent depuis environ 180 ans.
Pour répondre à cette question, l’auteur s’intéresse aux acteurs qui depuis près de deux siècles tentent de transformer la situation de périphérie dominée de la Bretagne en une « question bretonne ». Les discours et projets nommés ici « idéologie bretonne » présentent trois constantes : valoriser un peuple différent, sa langue et sa littérature, en se fondant sur leur caractère celtique ; la volonté plus ou moins affirmée de rompre avec la culture française en produisant un récit breton concurrent du roman national ; enfin un consensus à propos de l’exceptionnalité de la Bretagne.
L'ouvrage montre également que la matrice religieuse a joué un rôle dans la constitution du bretonnisme, et que celui-ci n'est pas sans combler le retrait sensible de la religion catholique dans la région. En somme, l'idéologie bretonne compense par l'émotion le désenchantement du monde, et demeure en deçà d'un projet politique, au grand regret des autonomistes.