Une revue des troupes pour optimiser la performance de tous
Après des regroupements organisés au Pôle France FFE de concours complet, sur le site de l’IFCE à Saumur, le mois dernier, pour préparer le Grand National FFE - AC Print sur le même site, cavaliers, chevaux et staffs se sont retrouvés pour trois jours de stage au Parc équestre fédéral, siège de la FFE à Lamotte-Beuvron. “L'objectif premier était de rassembler la quinzaine de cavaliers qui visent une sélection aux championnats d'Europe 2025. Cela a aussi permis de commencer à poser les bases d’un projet sportif sur quatre ans, jusqu'aux Jeux olympiques de Los Angeles. Nous avons travaillé tous les aspects techniques en dressage et saut d’obstacles, mais aussi beaucoup échangé avec les participants, Frédéric Bouix, président de la Fédération Française d’Équitation, et la directrice technique nationale Sophie Dubourg”, pose Martin Denisot, conseiller technique national en charge du concours complet.
Les cavaliers présents
- Sébastien Cavaillon
- Luc Château
- Alexis Goury
- Karim Laghouag
- Stéphane Landois
- Gireg Le Coz
- Héloïse Le Guern
- Camille Lejeune
- Gaspard Maksud
- Benjamin Massié
- Astier Nicolas
- Fabrice Saintemarie
- Louis Seychal
Un staff élargi
Du 24 au 26 mars, les couples ont évolué en dressage sous les yeux des entraîneurs fédéraux Philippe Limousin et Amélie Billard, accompagnés du technicien allemand Christoph Hess, déjà aux côtés de l’équipe de France depuis deux saisons. L’accent a été mis également sur le test du saut d’obstacles, grâce aux conseils avisés de Pascal Henry, entraîneur fédéral, et du Néerlandais Henk Nooren. “Christoph et Henk sont des intervenants extérieurs que nous connaissons bien et avec lesquels nous avons l'habitude de travailler. Leur présence nous permet de rester connectés à la concurrence étrangère, d’avoir une vision globale sur l'évolution de l'équipe de France et de nous aider à tout optimiser”, précise Jean-Luc Force, qui a succédé à Thierry Touzaint en tant que sélectionneur national.
Tous les aspects de la performance ont été pris en compte avec des sessions de préparation mentale organisées avec Franck Larrey, membre du réseau fédéral des Accompagnants en Psychologie du Sport et Préparation Mentale (APSPM), et de préparation physique avec Charles Le Navenec, préparateur physique des équipes de France et réathlétiseur. Éric Favory, médecin de l’équipe de France, était présent, tout comme Alexis Moreau, posturologue.
En ce début de saison, l’attention a également été portée sur l’état de forme des chevaux, qui ont été vus par Xavier Goupil et David Germain, respectivement vétérinaire et maréchal-ferrant de l’équipe de France, à dix jours du championnat de France.
Le débrief de Jean-Luc Force, sélectionneur national et chef d'équipe Seniors
“Nous sommes entre les deux Grand Nationaux de Saumur et Pompadour, support du Master Pro, avec l’objectif de réaliser un diagnostic à 360° de toutes les problématiques que peuvent rencontrer nos athlètes par rapport à leur saison sportive et leurs ambitions, afin de construire les prochaines années jusqu'aux Jeux olympiques de Los Angeles. Je suis heureux d’être au sein de ce collectif d'intervenants très motivés et de cavaliers qui semblent adhérer au projet proposé.
Concernant les forces en présence, nous avons proposé à des cavaliers, qui n'ont pas forcément l'habitude de venir sur ces stages-là, de participer pour prendre conscience des attendus à ce niveau-là, car certains tutoient le haut niveau mais ne sont pas forcément organisés pour performer dans la durée. 2025 est une année de transition dans laquelle il faut faire émerger de nouveaux couples et préserver les anciens. Globalement tout le monde est en forme, il faut se donner le temps de laisser rebouillir un peu la marmite avant de chercher à faire émerger la partie haute. Le Master Pro, début avril à Pompadour, participe complètement à la construction de cette hiérarchie au sein de la discipline. Cette épreuve sera exigeante et nous donnera un certain nombre d'idées sur la suite de la saison, qui nous emmènera jusqu’aux championnats d’Europe à Blenheim du 17 au 21 septembre prochain. Ils ne seront pas qualificatifs pour les JO mais nous voulons montrer que les Français sont toujours présents. L'objectif est d'aller chercher une médaille dès cette année.”
Le mot des cavaliers
Karim Laghouag, trois fois médaillé olympique par équipes, exprime : “C'est toujours agréable de vivre cette passation et le passage de l'ère “Touzaint” à l'ère “Force”. Une page s'est tournée, de la plus belle des manières, avec une médaille. La barre est haute, je suis super content de vivre ces moments.Tout le monde est motivé, à fond. Concernant le saut d’obstacles, j’ai déjà travaillé avec Henk Nooren, j’aime beaucoup son approche, tandis que je connaissais peu Pascal Henry. Ils sont dans la même veine et s'entendent très bien. Avec eux, le travail est basé sur l'exactitude de chaque mouvement, la préparation des foulées, la position des cavaliers, la respiration, le contact avec le cheval. Ils identifient ensuite les points à travailler pour chaque cavalier. Triton Fontaine (propriété de Philippe Lemoine, Guy Bessat, S.A.R.L. écurie Karim Laghouag et Camille Laffitte, groupe 1 FFE) va super bien, tous les voyants sont au vert. L’objectif sont les championnats d'Europe de Blenheim, ça me tente bien ! C'est un beau concours, avec un château magnifique. Après, il ne faudrait pas qu'il pleuve trop, puisque comme tous ces concours à l'anglaise, il n'y a pas de sable, que de l'herbe. Nous savons déjà que, de par la topographie très vallonnée, ce sera dans tous les cas un peu cardio. J'ai la chance d'avoir Triton, qui est quand même 87% pur sang, donc pour monter les côtes, ça aide !”
Son coéquipier des Jeux de Paris, Stéphane Landois, confie : “Fibonacci de Lessac*HDC (propriété du haras des Coudrettes) est arrivé chez moi l'année dernière. Nous apprenons à nous connaître et nous apportons des petits réglages pendant ce stage. Après cette médaille par équipes aux Jeux de Paris, je suis toujours motivé, et même encore plus car nous n’avons obtenu “que” l'argent. Nous avons envie de repartir pour quatre ans et obtenir une plus belle médaille à Los Angeles. Après avoir participé aux Jeux une fois, j’ai envie d’y retourner et nous allons nous donner les moyens d’y aller. Nous avons un nouveau staff depuis le début de l'année, c’est très plaisant et nous essayons d’avancer tous dans la même direction, sans oublier ce qui a été fait de bien et sur lequel on va pouvoir capitaliser.”
Le Charentais Fabrice Saintemarie a, lui, pris part à son premier regroupement fédéral à Lamotte-Beuvron : “C'est un vœu que j'ai depuis très longtemps que de réussir à venir sur un tel stage, pour voir ce qu’est vraiment l'équipe de France. Je suis comme un petit garçon qui découvre de nouvelles choses, c'est vraiment très intéressant. Beaucoup de personnes sont là pour nous aider, que ce soit à pied ou à cheval, sur notre posture, le sport pour rester en bonne santé et que notre corps soit le plus relâché possible… Il y aussi d'autres apports techniques avec Christoph Hess et Henk Nooren, dans le prolongement de ceux apportés par le staff pendant les stages à Saumur. Je suis très heureux, merci à la Fédération de nous permettre de vivre ces moments et de bénéficier de cet accompagnement.”
Mutualiser les forces dans toutes les catégories d’âge
L’intégralité des staffs fédéraux de concours complet Jeunes et Seniors étaient présents lors des trois jours. “Nous sommes convaincus que la construction du cavalier se fait dès les catégories Jeunes”, débute Martin Denisot. “Nous souhaitions que l'ensemble de nos staffs Poneys, Juniors et Jeunes cavaliers, participent à ce stage afin d’avoir la même ligne directrice sur le plan technique. C’est un peu une formation continue pour ensuite intervenir auprès de nos jeunes. L'idée c'est d'accompagner ces staffs qui, eux, seront aux côtés des cavaliers dans leur transition d'une catégorie à une autre. L’un de nos projets est de constituer un nouveau groupe, post Jeunes cavaliers, composé de cavaliers âgés de 22 à 25 ans.Nous voulons garder les portes ouvertes d'une catégorie à l'autre et montrer que chaque transition est accompagnée, suivie, avec un état d’esprit et une ligne technique conservés.”
Un plan d’action fédéral pour le concours complet
Dès ce début d’olympiade, le président de la FFE Frédéric Bouix et l’ensemble des élus du Comité fédéral ont souhaité une action forte pour relancer la dynamique autour des compétitions avec un focus sur le concours complet. Un plan d’action est en construction, dont l’objectif est d’impulser un nouvel élan pour rassembler tous les acteurs - cavaliers, organisateurs, officiels de compétition… - et favoriser le développement de la pratique.
Frédéric Bouix, après avoir remercié les cavaliers, leur entourage, le staff et les journalistes présents, a effectué un point d’étape un trimestre après sa prise de fonction. Il a notamment évoqué sa volonté de lancer un plan d’action pour soutenir le développement du concours complet : “Il faut être attentif à l'ensemble de la structuration de cette discipline, qui reste fragile, car plus compliquée que d'autres à organiser : elle nécessite plus de temps, des infrastructures plus lourdes, avec une fréquence de participation moindre par rapport à d’autres disciplines. Ce ne sont pas les mêmes équilibres économiques, ni pour les cavaliers, ni pour les propriétaires, ni pour les organisateurs, et si nous voulons que le complet perdure, nous devons faire des efforts particuliers. Par ailleurs, nous allons poursuivre le Club des Propriétaires, initié pour Paris 2024, pour leur faire vivre leur sport. Nous les remercions pour leur investissement, sans eux les cavaliers seraient à pied.” Le président de la FFE a également évoqué la formation des enseignants et la rénovation du Brevet d’Etat, au programme duquel la technique équestre reprend une part prépondérante, avec une épreuve d’équitation d’extérieur,
La formation de tous les acteurs est également un sujet qui tient à cœur à la nouvelle équipe fédérale. L’occasion pour Sophie Dubourg, DTN, de mentionner le Plan Coach 2032 : “Nous avons le souhait de permettre la montée en compétences de tous depuis la base, donc les cavaliers bien sûr, mais surtout les enseignants, puis les coachs et jusqu'aux cavaliers de haut niveau. Cette mission que nous nous sommes donnée, c’est le Plan Coach 2032, la levée en compétences de tout l’encadrement avec comme idée de capitaliser sur tout cet apport technique dans lequel la Fédération a investi, avec des entraîneurs de renommée mondiale, souvent étrangers. Nous devons faire grandir nos coachs français, construire et former nos entraîneurs de demain.”
Une mission de développement du concours complet portée par Martin Denisot
En dehors de l’accompagnement du sport de haut niveau, Martin Denisot a été missionné par Frédéric Bouix et Sophie Dubourg pour construire et mener un projet de développement, dont les premiers travaux ont déjà débuté avec le soutien de la commission fédérale de concours complet, présidée par l’organisateur du CCI de Bazoges-en-Pareds Mathieu Grasset, et de Laurent Boyer, élu référent au Comité fédéral.
“Le premier travail va être d'aller en région à la rencontre des organisateurs d’épreuves de tous les niveaux, pas uniquement internationales, dès le mois d'avril. Il s’agira de proposer également des soirées, par exemple interdépartementales, pour échanger sur le terrain avec ceux qui organisent le complet ou qui en ont organisé et ont arrêté, afin d'être à l'écoute de leurs problématiques”, explique Martin Denisot. “Notre volonté est de mettre en œuvre un plan d’action assez rapidement et en parallèle de cette tournée pour que la Fédération puisse accompagner, y compris financièrement, l'amélioration, l'aménagement, la construction de terrains, notamment de cross. Plus qu’un accompagnement financier, il s’agit d'écrire aussi des histoires avec ces organisateurs grâce à un projet sportif dans la durée, qu'ils puissent organiser des compétitions de différents niveaux et être des supports pour la formation des cavaliers et des enseignants. Nous sommes conscients que la discipline rencontre certaines difficultés économiques, climatiques, sécuritaires, etc. Mais nous sommes tournés de façon positive dans l'idée d'y apporter des solutions. Pour cela, nous souhaitons associer toutes les personnes qui voudraient nous y aider. Nous allons aussi nous appuyer sur une commission fédérale forte ainsi que sur les correspondants régionaux. Chaque Comité régional d’équitation va nommer prochainement un référent en concours complet. Ce réseau est essentiel pour mutualiser les bonnes actions et relancer la dynamique du concours complet au sein des territoires.”
Les couples se retrouveront du 3 au 5 avril prochain, sous l'œil de l’équipe fédérale d’encadrement, pour disputer les championnats de France Pro de concours complet à Pompadour (19).
