Produire, rayonner, s'imposer
Le ton a été donné dès l’ouverture du salon par le ministre de la Communication à l’initiative de cet événement : la Côte d'Ivoire veut devenir LA plateforme incontournable de la production audiovisuelle et cinématographique en Afrique.Et pour y parvenir, Amadou Coulibaly a annoncé un accord de coproduction avec le Japon, qui sera signé en août avec JETRO. Objectif : la formation et le partage d’expertise. Par ailleurs, la dynamique est déjà lancée avec la Belgique francophone, qui a scellé un accord similaire en marge du salon. Résultat concret ? Les coproductions obtiendront automatiquement le statut de film national dans les deux pays partenaires.
L'Afrique reprend la main sur ses récits
Pendant les trois jours du salon, une phrase a résonné comme un leitmotiv : "L'Afrique a ses propres histoires à raconter, et elle veut en reprendre le contrôle."La preuve par l'exemple avec le projet ORUN Studios d'Habyba Thiero : un studio d'animation afro-futuriste qui révolutionne la narration africaine. Son installation immersive – un dôme géodésique de six mètres combinant mapping vidéo, spatialisation sonore et danse – a littéralement subjugué le public. "J'ai été bluffé. En quelques secondes, on découvre l'Afrique et son histoire. C'est fascinant", témoigne Sylla Fodé, 12 ans, élève de 5ème, parfait représentant de cette génération qui grandit avec ces nouveaux codes visuels.
Financement : sortir des sentiers battus
Comment transformer l'enthousiasme en business model durable ? Le groupe audiovisuel RTI a lancé le débat lors d'un petit-déjeuner de travail. Gilles Marchand, expert en philanthropie de l'Université de Genève, a apporté des pistes concrètes : s'inspirer des modèles européens et nord-américains en fixant des objectifs mesurables et en signant des contrats de gouvernance rigoureux.Jean Martial Adou, DG de la RTI, a enfoncé le clou : "Il faut sortir de l'égocratie. Le secteur doit se réinventer."
Quand Hollywood rencontre Abidjan
Autre moment fort du salon, le masterclass animé par Larry Kasanoff, producteur du film culte Mortal Kombat. Devant un public de jeunes réalisateurs ivoiriens, il a parlé rigueur, discipline, vision. Comment bien pitcher un projet, structurer un scénario, construire une équipe. Un dialogue utile entre les réalités locales et les standards internationaux. « Vous avez des histoires puissantes. Travaillez-les avec passion et méthode », a-t-il conseillé.La stratégie gagnante : jouer collectif
Ces accords internationaux ne tombent pas du ciel. Ils s'inscrivent dans une démarche méthodique de coopération Sud-Nord équilibrée. "Ce sont des avancées concrètes pour les professionnels", martèle Amadou Coulibaly, conscient que l'isolement créatif ne mène nulle part.Parallèlement, un arrêté tripartite entre les ministères de la Communication, du Tourisme et de la Culture va venir structurer l'accueil des tournages en Côte d'Ivoire. Un comité technique accompagnera cette politique d'attractivité, transformant le pays en destination de choix pour les productions internationales.