"On ne traite plus un TCA sans aborder les réseaux sociaux. Ils sont devenus un facteur déclencheur, un accélérateur certain et un obstacle à la guérison", résume Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB), qui organise du 2 au 8 juin 2025 une dévastateur" des réseaux sociaux dans ces pathologies.
"Ce n'est pas la cause mais c'est la goutte d'eau qui peut faire déborder le vase", explique à l'AFP Fondation Santé des Etudiants de France.
A travers la promotion de la maigreur, d'une alimentation ultra-contrôlée, et d'une activité physique acharnée, les réseaux sociaux fragilisent les personnes déjà vulnérables et "amplifient les menaces sur la santé des jeunes", ajoute-t-elle.
A l'exemple de Charlyne Buigues, infirmière spécialisée dans les TCA, les réseaux sociaux sont "une porte d'entrée" vers ces troubles, qui y sont "banalisés".
Elle dénonce la mise en avant de vidéos de jeunes filles souffrant d'anorexie mentale qui exposent leur corps dénutri, ou d'autres souffrant de boulimie nerveuse et qui affichent leurs "purges". "La prise de laxatifs ou les vomissements sont présentés comme un moyen tout à fait légitime de perdre du poids, alors que le risque est de faire un arrêt cardiaque", rappelle Mme Buigues.
Au-delà d'engendrer de graves problèmes, notamment cardiaques et de fertilité, les TCA constituent la deuxième cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans, selon engrenage". "Les personnes souffrant de TCA ont souvent une faible auto-estime. Mais en exposant leur maigreur causée par l'anorexie sur les réseaux sociaux, elles vont cumuler des abonnés, des vues, des +likes+... et cela va entretenir leurs troubles et prolonger la phase de déni."
D'autant plus que certains contenus vont être monétisés. Charlyne Buigues raconte ainsi qu'une jeune femme qui se filme régulièrement en +live+ sur TikTok en train de vomir "expliquait être rémunérée par la plateforme, ce qui lui permettait de financer ses courses".
"Je ne fais pas le poids"
Et même lorsque les personnes s'engagent dans un processus de guérison, les réseaux sociaux rendent la prise en charge "plus dure, plus complexe et plus longue", prévient Carole Copti.
En cause: les fausses informations en nutrition qui pullulent sur les plateformes et que les jeunes tiennent pour vraies.
"La consultation, c'est un peu devenu mon procès. Je dois sans cesse me justifier et batailler pour leur faire comprendre que non, il n'est pas possible de tenir en ne mangeant que 1.000 calories par jour - la moitié de leurs besoins - ou que non, ce n'est pas normal de sauter des repas", développe la diététicienne-nutritionniste.
"Les patients sont complètement endoctrinés et je ne fais pas le poids, moi, avec ma consultation de 45 minutes par semaine, face à des heures passées quotidiennement sur TikTok", souffle-t-elle.
Dans le même sens, Nathalie Godart alerte sur la prolifération de "pseudo-coaches" qui partagent des conseils "aberrants", qui pourraient s'apparenter à "de l'exercice illégal de la nutrition".
"La parole de ces influenceurs pèse beaucoup plus que celle des institutionnels. On rame constamment pour passer des messages simples sur l'alimentation", déplore-t-elle, rappelant qu'une ne sert à rien".
"Les contenus restent en ligne et les comptes ne sont que rarement suspendus, c'est vraiment fatiguant", confie-t-elle.
L'infirmière en arrive ainsi à conseiller à ses patients de supprimer certains réseaux, notamment TikTok. "Ça peut paraître radical mais tant que les jeunes ne seront pas mieux informés, l'application est trop dangereuse", soutient-elle.
Anorexie, boulimie: les pathologies derrière les troubles des conduites alimentaires
- Anorexie mentale
boulimie se caractérise par l'ingestion compulsive de grandes quantités de nourriture dans un temps assez court, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.
Cette crise incontrôlée est généralement suivie de comportements compensatoires pour prévenir la prise de poids (utilisation de laxatifs, de diurétiques, vomissements provoqués, jeûnes, exercice physique excessif).
La boulimie apparaît généralement à l'adolescence et touche environ 1,5% des 11-20 ans, parmi lesquels trois fois plus de filles que de garçons.
Quand les crises de boulimie ne s'accompagnent pas d'un comportement compensatoire, on parle d'obsession de manger sainement. Les personnes qui en souffrent adoptent des régimes alimentaires excessivement stricts, supprimant parfois des catégories entières d'aliments.
Pour l'heure, il n'existe <span class="wikiexternallink" style="box-sizing: border-box; background: url(" resources="" icons="" xwiki="" external-link.png?cache-version="1719488867000")" right="" center="" no-repeat="" scroll="" transparent;="" padding-right:="" 12px;"="">pas de consensus scientifique sur l'orthorexie. Les deux positions les plus souvent soutenues consistent à la classer soit parmi les troubles du comportement alimentaire (TCA), soit parmi les troubles obsessionnels du comportement (TOC).
Dans la vie courante, les personnes orthorexiques peuvent passer plus d'une heure devant les rayons alimentaires pour lire la composition de chaque produit, ou mâcher chaque bouchée à 50 reprises dans le but de donner l'impression à son cerveau qu'il a atteint la satiété.