La salle de presse INSA Lyon : une enquête sur les transferts des microplastiques dans les hydrosystèmes urbains

INSA Lyon : une enquête sur les transferts des microplastiques dans les hydrosystèmes urbains

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Invisibles à l’œil nu mais omniprésents, les microplastiques s’infiltrent partout, jusque dans les entrailles de nos villes. Si l’on sait le plastique très présent dans les milieux marins, jusqu’à constituer des continents, on connaît moins son voyage insidieux depuis les bouches d’égout jusqu’aux écosystèmes aquatiques, sous la forme de microparticules.
 
Zoé Iannuzzi, en thèse au laboratoire DEEP[1] de l’INSA Lyon et au LEHNA[2] à l’ENTPE, s’intéresse de près aux origines de cette pollution en milieu urbain. À différentes échelles du territoire, elle a observé la présence de microplastiques, jusqu’à remonter à leurs portes d’entrées favorites : les avaloirs.


[1] DEEP : laboratoire déchets eaux environnement pollutions (INSA Lyon)

[2] LENHA : Laboratoire d'Ecologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés (CNRS/ENTPE/Lyon 1/INRAE)

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Pollution anthropique : L'impact des microplastiques sur les océans et les écosystèmes

Une pollution majeure issue des activités humaines

D'après l'Office Français pour la Biodiversité, 80 % des pollutions marines proviennent des milieux terrestres. Ces pollutions résultent principalement de la fragmentation de déchets plus grands ou de produits fabriqués à des fins industrielles ou domestiques. Zoé Iannuzzi, chercheuse spécialisée dans les microplastiques, précise : « De nombreuses études ont démontré la contribution des grands fleuves internationaux à la pollution des océans. Cependant, les recherches ont élargi leur focus aux villes, révélant que l'émission de microplastiques est en grande partie liée aux activités urbaines. »

L’hyperaccumulation des microplastiques dans l’environnement

La toxicologie des microplastiques est complexe, et établir un lien direct entre leur présence dans l'environnement et leurs effets sur la faune reste un défi scientifique. Cependant, les recherches progressent. Rémy Bayard, Professeur des universités et co-directeur de la thèse de Zoé Iannuzzi, souligne : « Nous savons qu’il existe une hyperaccumulation de microplastiques dans tous les écosystèmes, affectant non seulement les sols et l’eau, mais aussi l’air, même dans des zones éloignées des zones humaines. »

Zones industrielles et urbaines : des concentrations élevées en microplastiques

Zoé Iannuzzi mène une étude en collaboration avec la Métropole de Lyon, axée sur les déversoirs d'orage. Ces bassins de rétention permettent de récupérer la pollution à sa source. Zoé Iannuzzi précise : « Ces bassins sont essentiels pour évaluer les stocks de microplastiques et analyser les risques de leur migration vers les nappes phréatiques. » L'étude révèle que les concentrations en microplastiques sont beaucoup plus élevées dans les zones urbaines denses et industrielles. De plus, les débits d’eau plus élevés et l’eau trouble favorisent des concentrations plus importantes de ces particules.

Les principales sources urbaines des microplastiques

Pour identifier les sources de pollution, Zoé Iannuzzi et ses collègues ont échantillonné l’eau des bouches d'égout de Lyon. Zoé explique : « Les microplastiques pénètrent les réseaux séparatifs d’eaux pluviales, se retrouvant ainsi dans les bassins de rétention. » Les principales sources de pollution identifiées sont :

  • Le trafic routier, notamment les pneus de voiture et les peintures de véhicules, particulièrement dans les zones industrielles avec une forte circulation de poids lourds.
  • Les activités industrielles, notamment les décharges et le stockage de déchets sur les sols.
  • Le secteur de la construction, responsable de la pollution par les microplastiques provenant des fenêtres en PVC et des matériaux de construction, avec un phénomène d’érosion sous l’effet de la pluie et du soleil.

La recherche pluridisciplinaire pour une transition écologique

Zoé Iannuzzi, économiste de formation et titulaire de deux masters en sciences de l’environnement, apporte une approche pluridisciplinaire à ses recherches. Gislain Lipeme, co-encadrant de sa thèse et professeur des universités, explique : « Son expertise économique enrichit l’analyse des sources de pollution anthropique, offrant ainsi une vision innovante sur les microplastiques. » La recherche de Zoé Iannuzzi bénéficie également de l’expertise de Rémy Bayard, spécialiste des interactions écologiques, et d’un regard précis sur l’hydrologie urbaine. Cette approche pluridisciplinaire est essentielle pour comprendre un phénomène aussi complexe.

Rémy Bayard conclut : « La transition écologique impose un changement de paradigme dans nos recherches. Nous devons adopter une approche systémique et complexe, à l’intersection des disciplines, pour mieux appréhender les enjeux socio-écologiques. »

À propos de l’INSA Lyon

Fondé en 1957, l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (INSA Lyon) forme des ingénieurs humanistes pour répondre aux enjeux socio-écologiques et numériques d’un monde en mutation toujours plus rapide. Chaque année, l’INSA Lyon accueille plus de 6.000 étudiants, 600 doctorants et diplôme plus de 1.000 ingénieurs et 150 docteurs. École ouverte sur le monde, l’INSA Lyon a constitué un réseau de plus de 200 partenaires académiques sur les 5 continents et compte près 100 nationalités différentes sur son campus. Engagé en faveur de l’ouverture sociale et des diversités, l’INSA Lyon mène une politique très active dans ce domaine à travers son Institut Gaston Berger. L’École développe également une recherche d’excellence, responsable et solidaire, basée sur 22 laboratoires. L’INSA Lyon fait partie du Groupe INSA, premier réseau de grandes écoles d’ingénieurs publiques françaises, qui compte actuellement 7 établissements et 6 écoles partenaires en France.

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Ophélie Tambuzzo