Des pavillons très attendus
Sur l’ensemble des pays participants, quarante-sept ont érigé leur propre pavillon. Singapour a été le premier à entamer la construction, et son pavillon se démarque par une imposante sphère rouge de 17 mètres de hauteur, inspirée du surnom du pays « le petit point rouge » (en référence à sa représentation sur la carte du monde). La sphère a été fabriquée à partir de 17 000 feuilles d’aluminium recyclé. À l’intérieur, les visiteurs peuvent découvrir une installation artistique immersive créée par des artistes singapouriens. Merli, la mascotte du pavillon, s’inspire du Merlion, symbole national, et connaîtra certainement un vif succès au Japon, pays où les mascottes sont extrêmement populaires.Le pavillon de la Thaïlande se distingue par un toit fortement incurvé évoquant un tremplin de saut à ski. Sous le thème de « l’immunité », il mettra en lumière les soins médicaux traditionnels thaïlandais, les herbes et les aliments favorisant la santé, le massage thaïlandais et la médecine moderne. Au Japon, où la population est vieillissante, les thèmes de la « santé » et de « l’alimentation » sont au coeur des préoccupations.
Le pavillon de la Malaisie, conçu par l’architecte japonais Kengo Kuma, utilise plus de 5 000 bambous japonais et malaisiens pour son extérieur et son intérieur. L’agencement des bambous s’inspire du songket, tissu traditionnel malaisien, dessinant une silhouette qui rappelle des motifs tissés à la main. « La Malaisie est riche en forêts », a expliqué Kuma, « et comme le Japon, ils utilisent le bambou. J’ai donc proposé d’en faire le thème. »
L’Indonésie, nation maritime, a conçu un pavillon reprenant la forme d’un navire. Le pavillon des Philippines fait la part belle à son tissu traditionnel. Chaque pavillon, résolument unique, saura captiver un grand nombre de visiteurs.
Il faut bien le reconnaître, l’Expo 2025 ne suscite pas encore un vif enthousiasme au Japon. Cela peut s’expliquer à plusieurs facteurs, tels que les difficultés liées à l’achat des billets et l’absence d’une attraction phare aussi populaire que la pierre de lune, qui avait attiré des foules impressionnantes lors de l’Exposition universelle japonaise de 1970. Néanmoins, l’avantage des Expositions universelles est qu’elles se déroulent sur une longue période, généralement autour de six mois. L’Expo 2025 ne déroge pas à cette règle. Des retours positifs de la part des visiteurs devraient inciter plus de personnes à s’y rendre, et les pavillons de l’Asie du Sud-Est, espérons-le, contribueront à ce succès.
Le tourisme récepteur
L’Expo 2025 devrait également attirer des visiteurs internationaux en provenance d’Asie du Sud-Est. Selon l’Office national du tourisme japonais, le nombre de visiteurs au Japon venant de Thaïlande, de Singapour, de Malaisie, d’Indonésie, des Philippines et du Vietnam en 2024 a augmenté par rapport à l’année précédente. On observe notamment une hausse de 31,5 % du nombre de visiteurs philippins en glissement annuel, atteignant un nouveau record avec 818 600 personnes. Le Japon s’est ainsi imposé comme la deuxième destination étrangère la plus prisée des Philippins, juste après Hong Kong, qui ne requiert pas de visa. Bien que les visiteurs en provenance de Chine, de Corée du Sud et de Taïwan continuent de représenter la grande majorité, le potentiel de croissance du tourisme en provenance d’Asie du Sud-Est est considérable.Selon l’Agence japonaise du tourisme, les dépenses moyennes par visiteur étranger au Japon en 2024 se sont élevées à 291 572 yens pour les Singapouriens, dépassant ainsi les 277 747 yens des visiteurs chinois. Les dépenses des visiteurs vietnamiens (219 903 yens), malaisiens (215 410 yens), indonésiens (213 063 yens) et thaïlandais (197 383 yens) ont toutes surpassé celles des visiteurs taïwanais (188 193 yens), tandis que les Philippins (184 711 yens) ont dépensé davantage que les Sud-Coréens (109 441 yens).
Les touristes d’Asie du Sud-Est séjournent souvent plus de 10 jours au Japon. Le bureau du Kansai du ministère de l’Économie, du Commerce extérieur et de l’Industrie (METI Kansai) travaille à promouvoir des circuits touristiques intégrant l’Expo 2025 et les régions avoisinantes auprès des visiteurs potentiels d’Asie du Sud-Est. En décembre 2024, le METI Kansai a convié des représentants d’agences de voyages thaïlandaises, un pays qui, par rapport aux autres nations d’Asie du Sud-Est, affiche un taux élevé de visiteurs revenant au Japon. Ces représentants ont voyagé du site de l’Expo à la préfecture de Kyoto, où ils ont visité Amanohashidate, une destination pittoresque renommée, ainsi qu’un atelier produisant des textiles teints traditionnels, les Tango Chirimen. Ils se sont ensuite rendus dans la préfecture de Fukui, au nord de Kyoto, où ils ont pris part à un atelier de fabrication de baguettes laquées. L’un des participants thaïlandais a fait part de son expérience positive, en disant : « Les Thaïlandais attendent l’Expo 2025 avec impatience. Je suis sûr qu’ils seraient également intéressés par la visite d’autres endroits à proximité. »
Les exposants de l’Expo 2025 comptent également séduire les visiteurs avec des plats originaux.
Kura Sushi, Inc., l’une des principales chaînes de restaurants de sushis sur tapis roulant, proposera environ 70 plats du monde entier. Parmi ceux-ci figurent notamment du chili de crabe, une spécialité singapourienne de crabe sauté dans une sauce chili ; de l’adobo de poulet, un incontournable philippin au subtil équilibre aigre-salé ; du kolak labu, un dessert indonésien à base de citrouille et de crème de coco ; du gai yang, un poulet grillé thaïlandais ; et des rouleaux de printemps vietnamiens composés de crevettes, de viande et de légumes frais roulés dans du papier de riz. Zojirushi Corporation proposera des boulettes de riz originales inspirées de plats de différents pays, tels que le rendang, un plat indonésien de viande mijotée dans du lait de coco et des épices ; et le nam prik ong, un mets thaïlandais de viande hachée mijotée avec divers assaisonnements. Cette expérience culinaire unique mêlera la cuisine japonaise traditionnelle aux spécialités locales de divers pays.
Les affaires
Les Expositions universelles, vitrines des dernières technologies et des cultures de chaque pays, sont également des lieux propices aux affaires. Lors de l’Expo 2020 Dubaï, qui s’est tenue de 2021 à 2022, diverses nations participantes ont organisé des réunions d’affaires, qui leur ont ensuite permis de pénétrer le marché du Moyen-Orient. L’Expo 2025 devrait, à son tour, générer des opportunités commerciales pour les pays participants.Tengku Zafrul Abdul Aziz, ministre malaisien de l’Investissement, du Commerce et de l’Industrie, a déclaré : « Nous mettrons tout en oeuvre pour attirer des investissements et développer le commerce en tirant parti de l’Expo 2025. » Il envisage d’envoyer des représentants du gouvernement et des entreprises à l’Expo pour y tenir des réunions d’affaires. La Halal Development Corporation (HDC), basée en Malaisie, incite également les plus de 2 000 entreprises halal du pays à participer à l’événement, dans le but d’élargir le marché des aliments halal, conformes aux exigences de la loi islamique. Khairul Azwan Harun, président de HDC, a expliqué : « La demande pour les aliments halal malaisiens croît, aussi bien auprès des consommateurs musulmans que non musulmans. » Il est convaincu que l’Expo 2025 représentera une opportunité majeure pour accroître les ventes malaisiennes sur le marché international du halal, qui est évalué à plus de trois mille milliards de dollars américains. D’autres entreprises exposeront également une vaste gamme de produits dans le but de développer de nouveaux marchés. Parmi celles-ci figurent le chocolatier malaisien Benns Ethicoa Bean To Bar Chocolate Factory et une entreprise produisant des granulés de combustible à partir de biomasse de palmier à huile.
Le monde des affaires de la région japonaise du Kansai est également désireux de collaborer avec les pays d’Asie du Sud-Est. La Fédération économique du Kansai tiendra la 4e assemblée générale de la Plateforme asiatique de création d’affaires le 20 avril, peu après l’ouverture de l’Expo 2025, invitant des représentants d’organisations économiques de sept pays, dont la Chambre de commerce et d’industrie indonésienne et la Fédération des industries thaïlandaises. Sept groupes de travail présenteront leurs activités dans des domaines tels que la formation des ressources humaines, le tourisme et l’environnement.
Le 21 avril, la Chambre de commerce et d’industrie d’Osaka (OCCI) accueillera une réunion de représentants, à laquelle seront conviés les dirigeants des chambres de commerce de six pays, dont la Malaisie et les Philippines. L’OCCI a lancé la Plateforme commerciale ASEAN - Japon, qui oeuvre à renforcer les liens avec chacun des pays membres. Un communiqué conjoint sera présenté lors de la réunion des représentants.
Qu’il s’agisse de favoriser les relations humaines ou de stimuler les échanges commerciaux, l’Expo 2025 s’annoncera comme un carrefour majeur reliant le Japon et l’Asie du Sud-Est.
Article d’Akio Yaita
Journaliste. Diplômé de la faculté des lettres de l’université de Keio. Après avoir terminé son doctorat à l’Académie chinoise des sciences sociales, il a travaillé comme correspondant pour le Sankei Shimbun à Pékin et comme chef du bureau de Taipei. Auteur ou co-auteur de nombreux livres.
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