Les carcinomes épidermoïdes ORL, cancers en lien avec le tabac, l’alcool ou le papillome virus humain, représentent environ 90 % des cancers de la tête et du cou, prenant naissance dans les muqueuses de la bouche, du pharynx ou encore du larynx. Même lorsqu’ils sont opérables, certains de ces cancers présentent un risque élevé de rechute après la chirurgie. Deux principaux facteurs de risque sont identifiés lorsque : 1- la tumeur s’est propagée au-delà de la membrane des ganglions lymphatiques cervicaux ; 2- elle n’a pas pu être complètement retirée à un niveau microscopique.
Les derniers progrès dans cette maladie, consistant à l’ajout d’une chimiothérapie par cisplatine à la radiothérapie après la chirurgie, datent de plus de 20 ans. Le taux de récidive chez les patients à haut risque reste élevé, puisqu’environ la moitié d’entre eux rechute. À ce stade, les options thérapeutiques restent limitées, soulignant la nécessité de traitements plus efficaces. De nombreux essais ont été menés ces dernières années, notamment avec des inhibiteurs d’EGFR, sans pour autant apporter un niveau de preuve suffisant pour améliorer le pronostic de ces patients.
C’est dans ce contexte qu’a été menée l’étude internationale de phase III NIVOPOSTOP (GORTEC 2018-01) pour évaluer l’ajout de l’immunothérapie au traitement standard. Le GORTEC est un groupe coopératif dédié à l'oncologie de la tête et du cou. Il possède une longue expérience dans les essais internationaux innovants de phase III à grande échelle reposant sur une gestion solide et de haute qualité des études et sur un solide réseau pluridisciplinaire d'investigateurs et d'experts dans le domaine des cancers de la tête et du cou. Il est actuellement présidé par le Dr Yoann Pointreau, le président-élu est le Dr Yungan Tao.
Amélioration de la survie sans rechute
NIVOPOSTOP a été menée de 2018 à 2024 dans six pays avec 680 patients âgés de moins de 75 ans, opérés d’un carcinome épidermoïde localement avancé de la bouche, de l’oropharynx, de l’hypopharynx ou du larynx, et présentant au moins un facteur de haut risque de rechute.
Après avoir été opérés, les patients ont été répartis en deux groupes : le premier a reçu le traitement standard (radiothérapie plus trois cycles de cisplatine), le second a reçu en plus une immunothérapie (nivolumab) soit 10 cures réparties sur huit mois (deux semaines avant et pendant la radio-chimiothérapie, puis six mois de traitement d’entretien). Les résultats présentés au congrès de l’ASCO démontrent que l’ajout du nivolumab permet une amélioration significative de la survie sans rechute avec une diminution de 24 % du risque de rechute et/ou de décès.
« Après un suivi médian de plus de 30 mois, le taux de survie sans récidive à 3 ans est passé de 52,5 % avec le traitement standard à 63,1 % avec l’ajout de l’immunothérapie. Il s’agit de la première avancée majeure dans cette situation clinique depuis plus de deux décennies », déclare le Dr Yungan Tao, dernier auteur de l’étude NIVOPOSTOP. Les bénéfices ont été observés indépendamment de l’expression de la protéine PD-L1, un marqueur souvent utilisé pour prédire la réponse à l’immunothérapie.
Ces résultats marquent une avancée majeure dans la prise en charge de ces cancers ORL à haut risque de rechute. « Même si les données sur la survie globale de la maladie ne sont pas encore disponibles, l’ajout de l’immunothérapie à la prise en charge de référence actuelle est amené à devenir le standard thérapeutique pour ces patients », conclut le Dr Tao.
Abstract n°LBA2
Plenary session présentée par le Pr Jean Bourhis.
Dimanche 1er juin 2025 | 13h37 UTC-5.