Santé numérique: l’utilisation des aides européennes reste floue
- Au moins 16 milliards d’euros de fonds européens sur 14 ans ont été fléchés vers la transition numérique des soins de santé.
- L’aide de l’UE a répondu aux besoins des États membres, mais la coexistence d’une multitude de règles a compliqué l’utilisation des fonds.
- Il n’existe pas de vue exhaustive de l’argent européen utilisé.
Partout dans l’UE, la pandémie de COVID‑19 a donné une toute nouvelle dimension aux outils numériques dans le secteur de la santé («santé en ligne»). La crise sanitaire a aussi accru la nécessité de coordonner et de mieux faire circuler les données de santé au sein des Vingt-Sept. Si les États membres restent responsables des politiques de santé, de l’organisation des services de santé et de la prestation des soins médicaux, il incombe à l’UE de soutenir leurs actions.
«Les fonds européens destinés à la transition numérique des soins de santé ont été fournis dans le cadre de divers programmes gérés par différents services de la Commission européenne et soumis à différentes règles et modalités de gestion», a déclaré Joëlle Elvinger, la Membre de la Cour responsable de l’audit. «Cela a posé des difficultés à certains États membres: d’abord pour déterminer les fonds disponibles, puis pour demander des financements.»
Les auditeurs ont constaté que la Commission fournissait un soutien et des orientations globalement efficaces et que les projets audités dans les pays sélectionnés (l’Espagne, Malte et la Pologne) contribuaient bel et bien à la mue numérique des soins de santé. Par exemple, un projet portait sur l’amélioration de la télésurveillance des maladies chroniques, tandis qu’un autre a soutenu la création d’une plateforme nationale de santé électronique, le passage au numérique des hôpitaux et leur connexion à la plateforme nationale.
Le rapport d’audit met toutefois en lumière plusieurs problèmes. Les États membres se sont heurtés à des obstacles lors de l’utilisation des fonds européens, parmi lesquels la complexité de l’éventail d’options de financement disponibles, l’insuffisance des capacités administratives et des difficultés à obtenir un cofinancement national. Les auditeurs ont aussi constaté que ni la Commission européenne ni la plupart des États membres ne disposaient d’une vue exhaustive des fonds européens utilisés pour la transition numérique des soins de santé.
Dans le contexte du «programme d’action pour la décennie numérique à l’horizon 2030», la Commission européenne utilise l’évaluation comparative eGovernment Benchmark (depuis 2022) et l’indicateur de santé en ligne pour la décennie numérique (depuis 2023) pour suivre la transformation numérique des soins de santé. Ces indicateurs utilisent des méthodes différentes et n’ont pas les mêmes finalités, mais ils portent sur des aspects similaires de l’accès aux dossiers médicaux électroniques. L’audit a révélé des failles à cet égard, notamment en ce qui concerne l’exactitude des informations fournies et la méthode de notation.
Pour les auditeurs, il est impératif que la Commission européenne améliore d’ici à 2026 l’exactitude des informations qu’elle fournit aux parties prenantes. Elle devrait aussi dresser un tableau plus complet de l’utilisation des fonds de l’UE dédiés à la transition numérique des soins de santé dans le cadre des différents programmes de financement.
Informations générales
L’UE encourage la transition numérique des soins de santé depuis plus de 20 ans, principalement au moyen de mesures non contraignantes, consistant notamment à recommander certaines actions ou à fixer des objectifs facultatifs. La crise de la COVID‑19 a imposé l’adoption de décisions et de règlements contraignants, ce qui a contribué à renforcer le cadre d’action de l’UE dans ce domaine.
En 2021, la Commission européenne a lancé une consultation publique sur une initiative visant à établir un espace européen des données de santé. Le droit d’accéder à ses données de santé sous forme électronique a été jugé important par 88 % des participants. Selon l’Eurobaromètre sur la décennie numérique publié en 2023, une large majorité des sondés (76 %) s’attendent à ce que les technologies numériques aient une incidence décisive sur leur capacité à accéder à des prestations de santé (par exemple la télémédecine et l’intelligence artificielle pour poser des diagnostics) d’ici à 2030, y compris dans des pays de l’UE dont ils ne sont pas résidents.
Le rapport spécial 25/2024 «Transition numérique des soins de santé – Le soutien de l’UE est globalement efficace, mais les États membres peinent à utiliser les fonds» est disponible sur le site internet de la Cour. Il s’inscrit dans la continuité du rapport spécial sur les actions de l’UE dans le domaine des soins de santé transfrontaliers, publié par la Cour en 2019, qui concluait que les citoyens européens étaient mieux informés des soins de santé transfrontaliers, mais que pour certains, l’accès à ces informations restait difficile.
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