La salle de presse Surveillance du risque de crédit des banques: la BCE doit mieux faire

Surveillance du risque de crédit des banques: la BCE doit mieux faire

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Cour des Comptes Européenne

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- La BCE surveille 110 grandes banques de l’UE, qui détiennent ensemble plus de 80 % des actifs de l’union bancaire.
- Les auditeurs demandent que la bonne gestion, par les banques, de leur risque de crédit soit mieux garantie.
- Actuellement, les exigences de fonds propres imposées aux banques présentant un risque plus élevé ne sont pas proportionnelles à celui-ci.

La Banque centrale européenne (BCE) doit renforcer sa surveillance du risque de crédit des banques de l’UE afin de s’assurer qu’elles le gèrent correctement, en particulier lorsque des prêts ne sont pas remboursés. Dans un nouveau rapport, la Cour des comptes européenne insiste sur cet impératif, car une mauvaise gestion, par les banques, de leur risque de crédit peut mettre en péril leur propre survie, mais aussi la stabilité de l’ensemble du système financier. Bien qu’elle ait intensifié ses efforts pour mieux surveiller le risque de crédit des banques et leurs créances douteuses, la BCE n’a pas imposé d’exigences de fonds propres proportionnellement plus sévères aux banques plus exposées. Elle n’a pas non plus suffisamment durci les mesures prudentielles lorsque les banques laissaient persister des faiblesses dans leur gestion du risque de crédit.

Surveillance du risque de crédit des banques: la BCE doit mieux faire
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La BCE surveille quelque 110 banques importantes de 21 pays de l’UE. Chaque année, elle évalue les risques qu’elles présentent sous l’angle de l’exposition de crédit (par exemple des normes trop permissives en matière de prêt), de la gouvernance, du modèle d’activité et des liquidités. Elle analyse également la capacité des banques à gérer ces risques. Elle peut imposer des exigences de fonds propres supplémentaires pour couvrir les risques recensés ainsi que des mesures correctives pour les réduire. Ce processus vise à lui permettre de s’assurer que les banques respectent les exigences prudentielles de l’UE et que la confiance placée en elles se justifie. La BCE a récemment mis en garde contre une détérioration des perspectives pour les banques sur fond d’assombrissement de l’économie, rappelant que les crises passées avaient montré qu’un provisionnement insuffisant était une menace pour leur survie.

«La BCE doit tout mettre en œuvre pour éviter que les banques ne fassent faillite parce qu’elles ont mal géré leur risque de crédit», a déclaré Mihails Kozlovs, le Membre de la Cour responsable du rapport. «C’est indispensable, vu l’importance de la confiance dans le secteur bancaire et le climat économique dégradé.»

Les auditeurs estiment que les évaluations du risque de crédit et des contrôles des banques réalisées par la BCE étaient généralement de bonne qualité, en dépit de quelques lacunes. Il n’empêche qu’elle n’utilise ses outils et ses prérogatives en matière de surveillance ni pour s’assurer que les risques recensés sont intégralement couverts par des fonds propres supplémentaires, ni pour ordonner aux banques de mieux gérer leurs risques. Le changement intervenu en 2021 dans l’approche de la BCE pour calculer le montant de fonds propres qu’une banque doit détenir en sus du minimum réglementaire ne garantit pas une couverture appropriée des différents risques. De plus, cette approche n’a pas été appliquée de manière systématique. À titre d’exemple, la BCE n’a pas imposé d’exigences proportionnellement plus strictes aux banques plus exposées. Il n’existe donc pas de lien évident entre les risques et les exigences à satisfaire. En fait, dans le cas des banques les plus fragiles, elle a chaque fois opté pour des exigences situées dans le bas des fourchettes prédéfinies. À cela s’ajoute une incapacité de la BCE à durcir suffisamment les mesures prudentielles lorsque le risque de crédit est élevé et soutenu et que des faiblesses persistent dans les contrôles.

Les auditeurs pointent du doigt le manque de personnel affecté, tant par la BCE que par les autorités nationales, à la surveillance bancaire, et déplorent la longueur excessive du cycle de surveillance de 2021, qui a pu donner lieu à des évaluations obsolètes. En revanche, ils reconnaissent que depuis 2015, le volume de créances douteuses héritées du passé (c’est-à-dire antérieures à avril 2018) a diminué sous l’effet de plusieurs facteurs, parmi lesquels les actions de la BCE. Celle-ci n’a toutefois pas usé systématiquement de ses pouvoirs de surveillance lorsqu’une banque ne disposait pas de processus et de données solides pour repérer et quantifier les prêts non performants.

Contexte

La BCE surveille directement les banques importantes de l’UE dans le cadre du mécanisme de surveillance unique, mis en place en 2014 en réaction aux crises financières de 2008. Ces banques, qui sont au nombre de 110, se situent dans les 20 pays de la zone euro et en Bulgarie. Elles détiennent ensemble près de 82 % des actifs bancaires de l’union bancaire. En 2021, les dépenses administratives relatives aux tâches de surveillance de la BCE se sont élevées à 577,5 millions d’euros. Les auditeurs ont centré leur attention sur le cycle de surveillance de 2021, avec notamment un échantillon de 10 banques présentant un niveau élevé de prêts non performants.

Le rapport spécial 12/2023 «L’UE et la surveillance du risque de crédit des banques – La BCE a intensifié ses efforts, mais doit faire davantage pour une meilleure assurance que le risque de crédit est bien géré et couvert» est disponible sur le site internet de la Cour des comptes européenne (eca.europa.eu). Ce rapport s’ajoute à ceux déjà publiés par la Cour en 2016 et en 2018 sur les activités prudentielles de la BCE.
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