Sur la piste du requin-taupe commun
Sandrine Serre, doctorante à l’UBO, aidée par l’Association Pour l’Etude et la Conservation des Sélaciens (APECS) et le Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin (LEMAR), cherche à comprendre la présence des requins-taupes communs sur les côtes du Trégor
Une espèce menacée
Longtemps pêchée, l’espèce a été inscrite en 1996 sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) avec le statut « Vulnérable - VU ». En 2006, les sous-populations d’Atlantique Nord-Est et de Méditerranée ont été inscrites sur cette même liste avec le statut « En danger critique d’extinction - CR ». Depuis, l’espèce a été inscrite sur d’autres conventions internationales et en application du principe de précaution, l’Europe a décidé d’interdire la pêche du requin taupe commun dans ses eaux en 2010.
Présente à proximité des côtes du Trégor et du Goëlo
Bien qu’elle soit peu documentée, la présence du requin taupe commun est attestée de longue date dans les eaux de Manche occidentale. Mais ces dernières années ont été marquées par une augmentation du nombre d’observations signalées à l’APECS. Ces observations proviennent pour la plupart d’une zone située à proximité des côtes du Trégor et du Goëlo dans les Côtes d’Armor et ont un caractère saisonnier. L’augmentation apparente de la présence de l’espèce suggère que cette zone pourrait jouer un rôle important au cours du cycle de vie de l’espèce.
Le projet LAMNA
Conçu par l’APECS en collaboration avec le LEMAR de l’IUEM, le projet LAMNA vise à comprendre comment les requins taupes communs utilisent les eaux côtières du Trégor et du Goëlo et à évaluer l’importance de cette zone pour l’espèce. Ces nouvelles connaissances seront partagées avec l’ensemble des parties prenantes afin de construire un diagnostic partagé, afin d’établir collectivement des propositions de mesures de gestion et de protection. L’objectif du projet est aussi de mieux faire connaître le requin taupe commun et sensibiliser à la nécessité d’agir pour sa conservation au travers de différentes actions.
Un doctorat mis en place pour étudier l’écologie des requins taupes
Cette collaboration entre l’APECS et l’IUEM a permis qu’une partie des actions soient réalisées dans le cadre d’un doctorat. L’objectif de cette thèse est d’analyser le cycle de vie des requins taupes commun et les différentes zones fonctionnelles des individus qui sont observés de façon saisonnière dans les eaux côtières du Trégor (Côtes d’Armor, 22).
Actions mises en place pour le doctorat : entre 2018 et 2021, 19 femelles de requin-taupe commun ont été équipées de balises pour des durées de déploiement entre 3 et 12 mois. 25 prises de sang et 20 micro prélèvements de muscle ont été réalisés pour étudier les variations de régime alimentaire de ces femelles. Ces deux approches complémentaires visent à mieux appréhender les déplacements des femelles afin de soutenir les diagnostics et les mesures de gestion relatifs à cette espèce.
Interview de Sandrine sur Radio Évasion (thème de la thèse à partir de 19 min) ici.
L’APECS
L’Association Pour l’Etude et la Conservation des Sélaciens est une association Loi de 1901 créée à Brest en 1997 en vue d’agir pour la conservation des requins et des raies, et plus largement pour la préservation des écosystèmes marins qu’ils occupent. L’association contribue à l’amélioration des connaissances en développant des projets d’étude et de suivi sur plusieurs espèces ainsi que des programmes de sciences participatives permettant aux citoyens de participer. Elle travaille sur une vaste zone d’étude et dans divers domaines et est ainsi amenée à collaborer avec différentes structures. L’APECS s’attache aussi à développer de nombreuses actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement auprès de différents publics, scolaires, grand public, usagers de la mer, afin de diffuser les connaissances, de mieux faire connaitre les requins et les raies et de sensibiliser à la nécessité d’agir pour leur conservation.
LEMAR
Le Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin est un laboratoire résolument interdisciplinaire. Il regroupe des écologues, biologistes, microbiologistes, biogéochimistes, chimistes, physiciens et des juristes de l’environnement, dans le but de comprendre et modéliser les systèmes marins au sein de la biosphère, définir les caractéristiques du milieu et des organismes, et décrypter leurs interactions. Le LEMAR est une UMR, Unité Mixte de Recherche, rattachée à UBO, au CNRS, à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et à l’Ifremer. Le LEMAR est également partie prenante de l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM) de l’UBO. Il contribue fortement aux enseignements de la Faculté des Sciences et de l’IUT de Brest à l’UBO et s’implique depuis de nombreuses années dans la médiation scientifique, la diffusion et la vulgarisation de la recherche scientifique sur ses propres thématiques : environnement marin, climat.
Contacts
Camille Savina - Attachée de presse - UBO
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