Une récente étude HEC montre que les décideurs ont tendance à surestimer leurs propres performances dans un contexte de prise de décision

Dans sa dernière recherche publiée dans la revue Management Science, le professeur Mohammed Abdellaoui, directeur de recherche au CNRS et professeur à HEC Paris, et ses collègues partagent leurs observations, qui mettent en lumière un excès de confiance susceptible de nuire à la prise de décisions personnelles et professionnelles. Ils montrent que contrairement à ce qui a été suggéré par des recherches passées, l’excès de confiance observé dans des contextes de décisions où le décideur parie sur ses propres capacités n’est pas seulement dû à une surévaluation de la probabilité de succès, mais qu’il pourrait aussi être affecté par un optimisme systématique en termes d’attitude face aux incertitudes entourant les performances du décideur.

L’équipe de recherche a mené des expériences en faisant passer un test de raisonnement à un panel de plus de 400 personnes pour évaluer leurs performances, leurs croyances (probabilités de succès) et leur attitude face à l’incertitude. Les résultats ont montré que quelque 83 % des décisions se fondent sur une attitude très optimiste face à l’incertitude entourant la performance des individus et à une surestimation des probabilités de succès. Ce constat a des répercussions concrètes dans le monde des affaires et de l’entrepreneuriat.

Dans un second traitement expérimental, l’équipe a étudié la combinaison de l’évaluation des chances de succès et de l’attitude vis-à-vis de l’incertitude dans deux contextes. Lorsqu’ils sont exposés à des taches difficiles, les sujets ont montré une tendance à surévaluer leur probabilité de succès alors qu’ils n’avaient pas tendance à l’optimisme en termes d’attitudes face à l’incertain. En revanche, face à des taches perçues comme faciles, les sujets ont sous-évalué leur probabilité de succès tout en étant considérablement optimistes en termes d’attitudes face à l’incertitude entachant leurs performances.

« Nos travaux ont des implications concrètes. Par exemple, lorsqu’un PDG envisage de racheter une entreprise et donc de parier sur ses propres capacités face à une « tâche difficile ». Ou lorsqu’un étudiant qui n’a pas du tout révisé se présente quand même à un examen. En dépit de son manque de confiance en ses chances d’obtenir une bonne note, l’étudiant voudra peut-être prendre le risque en raison de l’attitude optimiste mise en évidence dans notre étude », explique le professeur Mohammed Abdellaoui.

« Il en va de même pour quelqu’un qui a contracté un gros prêt bancaire et doit le rembourser au bout d’un certain temps : il parie sur le fait qu’il en sera capable. Ces exemples peuvent inciter à surestimer ses propres compétences et à ne pas être en mesure de remplir ses obligations à cause de cet excès de confiance et de cette attitude optimiste », ajoute-t-il.