Anne Diradourian, journaliste d’entreprise free-lance depuis plus de 10 ans, nous précise d’emblée que ses missions sont diverses : “J’accompagne les entreprises et organisations dans leur communication éditoriale. J’écris pour eux tout support print et web avec une forte valeur ajoutée en contenu. Je ne fais pas de contenu marketing ni de plaquette commerciale. Je travaille sur les rapports d’activité, les rapports RSE, l’écriture de magazines d’entreprise et même des livres d’entreprise”, explique-t-elle.
Multimédia, un journaliste d’entreprise est donc amené à travailler sur tous les supports, comme le podcast ou encore la vidéo. C’est ce dont s'occupe Matthieu, journaliste d’entreprise pour une société d’assurance à Lyon. Il rédige des articles, bien sûr, mais réalise aussi des reportages vidéos autour de la relation client ou du déménagement des bureaux de l’entreprise. Les productions du journaliste de 38 ans sont publiées essentiellement sur l’intranet de l’entreprise, mais ont parfois les honneurs du site Internet. “Mon entreprise organise des actions sur le terrain à destination du grand public, je couvre cette actualité qui ressemble à de la presse quotidienne régionale. Récemment, j’ai rédigé un article sur une association avec laquelle nous collaborons qui accompagne les personnes autistes”, précise Matthieu.
“Il faut mettre son égo de côté”
Anne Diradourian et Matthieu ont un point commun : ils ont tous les deux une formation de journaliste. Anne est diplômée de l’ESJ Paris tandis que Matthieu a été formé au journalisme au CUEJ à Strasbourg. Ces deux ex-journalistes de presse le reconnaissent : ils ne se destinaient pas à une carrière dans le journalisme d’entreprise. Après avoir exercé une quinzaine d’années dans la presse régionale, à la Voix du Nord notamment, Anne Diradourian a exercé en tant que responsable d’édition et de la communication au sein de l’ESJ Lille. Plus tard, elle devient rédactrice en chef d’un magazine d’information générale dans la région des Hauts-de-France. Mais après 9 numéros, le média dépose le bilan. “C’était une grosse surprise. Comme j’avais cette casquette communication et qu’il n’y avait pas de perspective dans la presse, j’ai accepté un poste de directrice de la communication dans une start-up. Après trois ans, j’ai eu l’envie de me lancer à mon compte et j’ai créé mon entreprise”, relate-t-elle.
Pour ces deux journalistes de formation, conserver les techniques et le savoir-faire propres au journalisme est primordial. “Dans l’entreprise dans laquelle je travaille, le poste de journaliste d’entreprise n’existe pas. Officiellement, je suis chargé d’activité communication mais j’estime que le travail que je fais est un travail de journaliste”, insiste Matthieu. Collecter l’information en réalisant des interviews, poser sa voix sur un reportage vidéo ou audio, monter un sujet, faire un reportage… la pratique ressemble à s’y méprendre à celle d’un journaliste de presse. À la différence notable que les journalistes d’entreprise n’ont pas de carte de presse et font valider leur sujet et leurs textes par la direction.
“Il faut mettre son égo de côté. Moi je n’ai aucun problème à faire valider mes textes qui ne sont d’ailleurs pas signés pour la plupart”, assure Anne Diradourian. Bien que cela ait pu lui poser problème dans un premier temps, Matthieu n’a plus de souci à faire valider le contenu qu’il produit, “par ma responsable et les experts métiers, qui sont les sachants de l’entreprise”, précise-t-il.
Des missions polyvalentes et moins de précarité que dans la presse
Si les contraintes de validation sont plus nombreuses que pour la presse, Anne Diradourian ne regrette pas sa reconversion professionnelle. “J’aime être indépendante, c’est une liberté qui n’a pas de prix. Je suis seule mais je travaille avec les équipes de la communication des entreprises ou des agences. Je me déplace souvent et je traite de sujets très divers, c’est une gymnastique intellectuelle qui me plait énormément”, souligne-t-elle.
Du côté de chez Matthieu c’est la même chose. “Je travaille pour une boite qui a des valeurs que je partage, l’ambiance y est bonne. Et contrairement à la presse et aux médias, c’est un mode de vie beaucoup moins précaire. C’est une vraie sécurité, surtout quand on a deux enfants comme moi”, ajoute-t-il. Anne Diradourian confirme : “c’est un travail qui est mieux rémunéré que la pige. Je signe avec les entreprises des contrats annuels ou mensuels qui sont plus élevés que le tarif pige.”
Pour informer les collaborateurs sur la vie de leur entreprise ou valoriser ses activités auprès des clients et du grand public, le journaliste d’entreprise met son expertise rédactionnelle au service d’un contenu qualitatif à haute valeur ajoutée. Une voie peut-être moins prestigieuse qu’un CDI dans un quotidien national, mais qui présente des avantages non négligeables !
Matthieu Maurer (Contributeur)