La vitesse de propagation de l’information, qu’elle soit vraie ou fausse, constitue un enjeu de taille pour les entreprises souvent en état d’alerte ou de crise. L’autre enjeu dans le chaos de l’information que nous connaissons, c’est l’émergence. Comment assurer une visibilité au message dans ce flot d’actualitésdiscontinu et de prises de parole de plus en plus concurrentielles ? Comment lui assurer une crédibilité dans un monde qui voit poindre les vérités alternatives ? Cela donne une importance grandissante aux stratégies de contenus et de distribution de l'information et par là même, aux choix des solutions technologiques.
Les nouveaux usages liés à la consommation de l’information et sa sur-abondance ont-ils un impact sur votre activité d’éditeur de salles de presse et de logiciels RP ?
Les outils de RP se professionnalisent. Dans les années 2000, on bénéficiait d’une grande liberté quant à la diffusion de l’information et les emailings étaient massifs. On bombardait la même histoire un peu partout et au même moment à tous les médias et la réussite d'une annonce était liée au nombre de contacts et à la masse des retombées. Aujourd'hui, on adopte des approches multicanales plus fines et plus complexes avec des contenus plus qualitatifs. Il s’agit de diffuser une information sous des angles différents, avec des accroches différentes, des temporalités différentes et sur des canaux différents pour toucher des audiences morcelées et très diversifiées. On continue et on continuera à utiliser le format communiqué de presse qui reste un outil majeur dans la production de l’information mais on va l’enrichir et en faciliter l’accès et le partage. On continuera aussi à utiliser le mailing mais pour s’adresser à 200 personnes triés sur le volet et non plus à 4 000 !
Qu’avez-vous mis en place sur le plan technologique pour y répondre ?
Chez Epresspack, nous accompagnons ces évolutions avec des développements en propre ou des alliances comme avec l'AFP et la salle de presse communautaire MediaConnect. Nos solutions technologiques sont clés en main, c’est-à-dire qu’elles permettent de piloter et de monitorer de bout en bout les campagnes, d’effectuer un ciblage pointu, d’angler les messages en fonction des thématiques, des canaux et des audiences. Nous avons aussi intégré des fonctionnalités innovantes comme la blockchain pour protéger l’information et lutter contre les fakenews. Et le tout, depuis un unique command center. De fait, nous travaillons à proposer des outils efficients mais toujours simples d’utilisation qui permettent aux équipes de com de gagner en productivité et de suivre la gestion de projets quel que soit l’endroit où elles se trouvent.
Et vos clients ? Sont-ils sensibles à ces nouveaux usages et ont-ils manifesté le souci de s’y adapter ? De quelle manière ?
Les expertises évoluent au rythme des innovations technologiques et les directions de la communication exercent une veille continue sur leurs métiers et les pratiques de leur secteur d’activité. Nombreuses sont celles qui ont compris que la technologie était devenue un préalable aux stratégies de contenus. Car que vaut un bon message s’il n’est pas accessible et téléchargeable en 2 clics sur tous les devices ? Que vaut un communiqué de presse s’il n’est pas attractif dans la forme avec photos et videos ? Que vaut une campagne si on ne sait pas quel journaliste a ouvert le communiqué pour pouvoir le contacter ? Comment raconter une histoire autrement qu’en se comportant comme un média avec une éditorialisation des actualités, un archivage de long terme, des propositions d’abonnement et une expérience de lecture sans couture ? La technologie est un allié qui peut résoudre bien des contraintes comme la raréfaction des ressources humaines dans les services de communication et la décentralisation des équipes qui complique la gestion de projets.
Le bouleversement des IA génératives a fait naître des craintes dans certains métiers. Qu’en est-il côté RP ? Que vous disent vos clients ?
L'IA va influencer tous les métiers, toutes les industries et le monde RP ne pourra s’en extraire. Il devra s'adapter, lui trouver une place et faire en sorte que la technologie n’accouche pas d’un monde de désinformation généralisée et d’une perte de repères. On est à l’aube de chamboulements importants, similaires à ceux que l’on a connus à l'époque de l'invention de l'imprimerie ou dans le domaine de la génétique et de la robotisation. Il faudra établir des règles, même si cela ne sera pas facile.
Et vous, avez-vous eu ou projetez-vous de recourir à l’IA chez Epresspack ?
Chez Epresspack, on n’utilise pas l’IA pour de multiples raisons, en particulier parce que l’IA n’est pas encore adaptée au langage de programmation. Mais nous en étudions de près les usages, notamment dans l’aide à l’analyse.
Plus largement, qu’en pensez-vous ? Entre ceux qui expriment des craintes et d’autres qui y voient une opportunité, où vous situez-vous ?
Cette innovation, comme toutes les innovations avant elle, dépendra de l’usage qu’on en fait. A date, il s’agit encore d’un outil statistique qui nous imite et recrache du savoir mais qui n’est pas techniquement intelligent. Bien maitrisé, il sera bénéfique dans les domaines de l’expertise, de la science, de la médecine… Mal utilisé, il pourra être malveillant et irresponsable. Pour ma part, je milite pour une approche raisonnée, encadrée, au service du progrès, même si cette notion porte en elle toutes les controverses.
Propos recueillis par Hugues Dago
