Le Média Fabrice Cousté (B SMART) – « Les RP peuvent nous faciliter le travail »
Interview

Fabrice Cousté (B SMART) – « Les RP peuvent nous faciliter le travail »

RP

Dans ce nouvel épisode des « Clés des RP », MediaConnect interroge Fabrice Cousté, journaliste freelance et animateur de SMART IMMO (B SMART). Il partage son expérience des relations presse et ses attentes vis-à-vis des communicants.  

Fabrice Cousté (B SMART) – « Les RP peuvent nous faciliter le travail »
Fabrice Cousté - Journaliste immobilier et relations presse
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Pouvez-vous commencer par vous présenter, ainsi que les sujets que vous traitez ?  


Je suis journaliste depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, je suis freelance avec des clients plutôt réguliers dont le groupe de presse Ficade. Mes deux domaines de prédilection sont la finance et l’immobilier. Les deux sont en général assez connectés. J’anime plusieurs émissions, dont SMART IMMO, l’émission de B SMART 4 Change consacrée aux décideurs de l’immobilier. Je les interroge sur les évolutions et les innovations du secteur.  



Quelles sont vos principales sources d’information pour préparer vos émissions ?  


Dans un premier temps, je maintiens une veille sur le travail de mes confrères. Je suis encore abonné à certains journaux papiers comme Les Echos, mais je me renseigne aussi beaucoup sur Internet. Radio-Immo, BFM Business, ou encore Business Immo, j’ai toute une liste de médias dont je regarde les productions.  

C’est vrai que nous sommes abreuvés d’articles et de publications de la part des professionnels des relations presse comme Shan, Galivel, ou même des communiqués des ministères. Ces envois nous donnent beaucoup de matière. Nous sommes sollicités par e-mail, mais aussi par téléphone directement. C’est très utile. J’ai réalisé que si le communiqué de presse est bien écrit, avec un angle pertinent, on peut en récupérer une bonne partie, ce qui nous facilite le travail.  

Parfois, nous nous adaptons aux sujets proposés par notre production. Par exemple, si elle nous demande de faire un dossier sur le concept de la « ville du quart d’heure », nous allons essayer de recevoir Carlos Moreno, son inventeur. (ndlr : Il a développé un modèle pour réduire les transports et limiter les émissions de gaz à effet de serre : penser la ville pour que tout soit accessible à quinze minutes à pied, à vélo ou en transports en commun.)  
 


Quels sont les critères pour que les informations transmises dans un CP deviennent un sujet pour vous ?  


Il faut un bon angle et quelque chose à raconter. Les chiffres d’une entreprise ne sont pas systématiquement intéressants. Ils le deviennent s’ils révèlent quelque chose du marché. Par exemple, un courtier en crédit enregistrant une hausse de plus de 50 % de sa collecte peut illustrer un regain d‘activité du marché : un signal qui, dans ce cas, mérite toute notre attention. Au contraire, lorsqu’une entreprise nous annonce une augmentation de 13% de l’achat sur son segment spécifique d’activité, je leur explique que même si cette évolution est significative pour leur société, elle ne présente pas forcément un grand intérêt pour le public.  

Les communicants doivent se mettre à la place des journalistes. Notre problématique, c’est de produire une information rigoureuse et pertinente et d’apporter un véritable éclairage à nos lecteurs ou nos téléspectateurs. Un CP, pour moi, doit répondre aux mêmes contraintes qu’un article : il faut travailler le titre et l’accroche. Avec nos boîtes mails surchargées, si l’information n’attire pas directement notre attention, on peut passer à côté.  



Que pensez-vous des conférences de presse ? Est-ce encore pertinent en 2025 ?  


Oui c’est très pertinent. Après quelques années, j’ai tout de même tendance à trier pour décider auxquelles assister. Je me déplace seulement si j’ai l’assurance de pouvoir en tirer un sujet : d’une certaine manière, il faut que ce soit rentable pour nous. Nous invitons déjà beaucoup de personnes sur notre plateau donc nous sommes assez occupés. Si nous sortons du studio, il doit y avoir une valeur ajoutée.  

Aujourd’hui, une conférence ou un déjeuner presse présente un intérêt particulier si nous avons la possibilité de rencontrer le patron et tourner nos images sur place. Le Graal, c’est de conjuguer le bon speaker, le bon sujet et la certitude d’obtenir un contenu de qualité.   



Justement, quels sont les critères pour qu’une personnes soit invitée sur votre émission ? Comment définir le « bon speaker » ?  


Le bon speaker se distingue par une notoriété déjà établie. Si ce n’est pas le cas, c’est un peu plus compliqué pour nous en télé. Souvent, nous aimons regarder ses précédentes interventions en plateau, la manière dont il s’exprime, sa gestion du stress, etc.  

Les personnalités émergentes, comme les dirigeants des start-ups, débordent souvent d’énergie, mais peinent parfois à se plier au format de 5-6 minutes. D’où la nécessité de bien préparer leur intervention. De mon côté, j’organise systématiquement un appel préparatoire de vingt minutes, afin de cadrer les questions et m’assurer que l’invité aura matière à intervenir. Il est évident que certains sont naturellement plus à l’aise que d’autres. Il existe des solutions comme le mediatraining, mais seule l’expérience fait réellement la différence.  
 


Que pensez-vous des relations entre journalistes et communicants ? Comment travaillez-vous ensemble ?  


J’imagine que ce n’est pas toujours évident pour les attachés de presse. En tant que journalistes, nous n’avons pas toujours le temps de répondre à l’ensemble de leurs sollicitations. Personnellement, j’essaye de faire l’effort de donner systématiquement une réponse argumentée, en particulier si elle est négative.  

À moins d’avoir reçu un refus définitif, je pense que les communicants ont tout intérêt à relancer les rédactions, sans devenir trop insistant. Pour cause, il nous arrive parfois d’avoir préparé le plateau de notre émission et qu’un invité annule sa venue au dernier moment. Dans ce cas, les propositions des chargés de RP sont alors très précieuses pour trouver un remplaçant au pied levé. Nous avons besoin les uns des autres.  

Enfin, j’attends des communicants de prendre en compte l’ensemble de l’écosystème médiatique. BSMART est une télé commerciale. Nous proposons des formats gratuits, mais aussi des formats payants si les invités veulent du sur-mesure. Les entreprises et les agences doivent comprendre que produire de l’information coûte cher. Nous attendons une forme de réciprocité lorsque l’occasion se présente : par exemple, si vous êtes en train de lancer une grosse campagne, pensez à nous intégrer à l’appel d’offre.  


 

Fort de ce constat, quelles sont vos recommandations pour optimiser la relation de travail ?  

 

C’est une relation qui se construit petit à petit. La confiance se développe à travers la bonne connaissance des enjeux de l’autre partie. Elle dépend donc d’une transparence totale. Il est important pour nous de savoir si l’entreprise fait des économies ou déploie de nouveaux investissements. Cela nous permet d’avoir toutes les clés en main pour travailler nos sujets.  

Par ailleurs, je recommande aux communicants de se présenter auprès des journalistes. Il y a beaucoup de « turnover », notamment dans les agences, parfois difficiles à suivre. Il faut prendre le temps de rappeler au journaliste son portefeuille et ses coordonnées.  

Pour illustrer ce que je viens de dire justement, une agence nous a apporté un courtier en crédit il y a quelques semaines. Le dirigeant était déjà connu, mais au-delà de cette notoriété, il avait quelque chose d’intéressant à dire. Nous l’avons invité pour échanger autour du développement de leur entreprise, dans un contexte qui semble compliqué avec des taux relativement élevés et la fin du dispositif Pinel. Je suis allé à la conférence de presse organisée dans leurs locaux, puis le dirigeant est venu sur le plateau. Mais nous avons réussi à aller plus loin, en s’accordant pour développer ensemble une séquence sponsorisée : la « météo de l’immo ». De bonnes relations presse permettent d’aller plus loin et de développer des collaborations enrichissantes.  



Les attentes de Fabrice Cousté :  

  • Structurer ses CP comme des articles  
  • Ne pas hésiter à relancer avec mesure  
  • Anticiper ses apparitions à l’écran : média training, pratique, expérience  
  • Des relations de confiance basées sur la transparence  
 
 

            

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