Le Média Gabriel Nedelec (Les Echos) : « Un appel téléphonique a plus d'impact qu'un énième communiqué »
Interview

Gabriel Nedelec (Les Echos) : « Un appel téléphonique a plus d'impact qu'un énième communiqué »

RP

MediaConnect donne la parole à celles et ceux qui reçoivent les communiqués de presse. Dans cette interview, Gabriel Nedelec, journaliste au sein du service finance des Echos, nous explique ses attentes vis-à-vis des communicants. 

Gabriel Nedelec (Les Echos) : « Un appel téléphonique a plus d'impact qu'un énième communiqué »
Gabriel Nedelec, journaliste finance aux Echos, nous explique ses attentes vis-à-vis des communicants.
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En tant que journaliste spécialisé dans la finance et la banque comment choisissez-vous vos sujets ?  

Je couvre principalement des sujets liés à des acteurs bancaires spécifiques comme Société Générale, BPCE, ou encore la Caisse des dépôts ou la Banque Postale. Je m’intéresse à leurs résultats, leurs nominations, leurs lancements de produits, leurs opérations de rachat ou les événements qu’ils organisent. 
 

Tout communiqué doit donc provenir de l’un de ces acteurs ou présenter un lien clair avec la banque ou la finance. Si un cabinet d’avocats me contacte, je dois comprendre immédiatement ce lien, par exemple s’il est spécialisé en fraude bancaire, en créances ou en fusions-acquisitions. Sinon, je ne donne pas suite. 
 

Je vérifie toujours si le sujet peut intéresser nos lecteurs. Une actualité d’entreprise ne justifie pas forcément un article. Par exemple, un outil interne destiné aux conseillers n’aura pas sa place, sauf s’il transforme en profondeur leur manière de travailler. 
 

Je travaille aussi sur des sujets plus froids qui demandent du temps et des recherches, comme l’évolution du métier de conseiller bancaire. Dans ce cas, je vais chercher l’information directement sur le terrain, en échangeant avec différents acteurs du secteur. 

 

Quelles sont les sources que vous utilisez pour écrire vos articles ? 

Je me documente avec des communiqués de presse, mais ils ne représentent qu’une partie (30%) de mes sources d’information. Je m’appuie également sur des études, des rapports, des documents syndicaux et sur les informations officielles publiées par les entreprises elles-mêmes. Mais je me base surtout sur des échanges informels réguliers avec les acteurs du secteur : employés des banques, dirigeants, analystes, observateurs, anciens salariés... 

 

Quels types d'erreurs reviennent le plus souvent dans les communiqués de presse que vous recevez ? 

Ce qui m’agace le plus, ce sont les communiqués mal ciblés. Je reçois souvent des CP sur la santé, les jeux vidéo ou les animaux, alors que ma rubrique est clairement indiquée sur ma fiche journaliste sur le site des Echos et sur Linkedin. À force, je n’ouvre même plus ces mails et il m’arrive de bloquer l’expéditeur. 
 

Autre grief : les relances intempestives.  Une relance, ça va, deux, c'est trop !  Si je ne réponds pas, c'est que le sujet ne m'intéresse pas.  
 

Par ailleurs, je ne supporte pas quand on me tutoie dès le premier mail ou qu'on adopte un ton trop familier. Même si le produit en question est "cool" ou que la fintech est "super", il faut garder un minimum de forme. Autrement, à cause du ton informel, je n'arrive pas à jauger l’importance du sujet. Ces artifices, pour capter l'attention sont, à mon sens, inutiles. Si l'information est pertinente, pas besoin de fioritures. Il faut juste qu'elle soit bien présentée et claire.  
 

Selon vous, qu’est-ce qui fait un “bon” communiqué de presse ?  

Lorsqu’il est très bien ciblé et titré. L'information doit être lisible dans sa forme et son fond. C'est-à-dire que dans l'intitulé du mail, je dois comprendre de quelle entreprise et de quel type d'information il s'agit : un résultat, un produit ou une nomination.  
 

Certains journalistes accordent de l’importance à la personnalisation du contenu, de mon côté, ce n’est pas indispensable. En revanche, si je vois une erreur sur mon nom, je me dirai que le travail est bâclé.  
 

Il y a plus de chance que je lise un CP si l’attachée de presse fournit un effort en amont. Un bon RP, c'est un communicant qui va prendre le temps de tisser un lien avec moi. Cela peut passer par des coups de téléphone. Il peut me contacter pour m’informer qu’il va me transmettre un CP et m’expliquer en quelques minutes les contours et les enjeux de celui-ci. Certes, lors d’un premier contact, c'est un peu difficile parce qu'il faut créer une nouvelle relation, mais quand la confiance est là, un appel téléphonique aura plus d'impact qu'un énième communiqué. 



Quels conseils donneriez-vous aux communicants pour correctement sélectionner les journalistes de votre rubrique ?  

D’abord, il est important de bien identifier les journalistes et les médias pour lesquels ils travaillent. Il arrive que certains rédacteurs couvrent plusieurs rubriques ou changent de journal. C’est mon cas. Dans ma carrière, je n’ai pas traité que de la finance. J’ai aussi fait de la politique et me suis intéressé à l'énergie. Pour éviter d’envoyer des CP hors sujet ou de cibler le mauvais journaliste, les attachés de presse doivent lire la presse et se renseigner sur les derniers articles publiés par les rédacteurs. Ils pourront ainsi cerner les sujets qu’ils traitent, les angles et les formats qu’ils abordent.  
 

Ils doivent aussi s’intéresser à la manière dont on travaille pour mieux nous adresser leurs messages. Notre rôle est d’informer, donc on a besoin de vérifier les faits et de comprendre les enjeux qui se cachent derrière une actualité. On a aussi des contraintes journalistiques avec des délais de publication serrés, des formats imposés et des angles à respecter. Les RP doivent prendre en compte ces aspects-là afin de mieux communiquer avec nous et nous proposer des intervenants et des sujets adaptés. 



Les conférences de presse ont-elles encore un intérêt pour vous ? Qu’attendez-vous concrètement de ce type de format ? 

Absolument, elles sont toujours pertinentes, mais il ne faut pas en organiser sur tous les sujets. Généralement, les journalistes s’y rendent pour échanger en direct avec les intervenants. Dans mon cas, lorsque je me déplace pour ces événements, j’aimerais être sûr d’être mis en contact avec des experts auxquels je n’ai pas toujours accès. J’ai besoin, aussi, que ces interlocuteurs soient pertinents et qu’ils connaissent leur sujet. C’est ce qui fera toute la différence et me poussera à assister à la conférence.  



Aujourd’hui, les attachés de presse sont-ils encore utiles pour les journalistes ? 

Les attachés de presse ont encore toute leur place dans notre métier. Il faut seulement être conscient qu’on n’est pas du tout dans le même camp. Eux sont là pour raconter l'histoire de leur employeur et nous, informer les citoyens. Donc, même si un attaché de presse nous propose un intervenant ou un angle d’article, si on n'est pas convaincu, on va creuser plus loin pour transmettre l’information la plus proche de la réalité, quitte à décevoir peut-être le RP. 
 

En d'autres termes, malgré nos missions opposées, on se comprend et on parvient à jouer notre partition de manière cohérente.   

 

Les attentes de Gabriel Nedelec :   

  • Privilégier les appels téléphoniques pour présenter son actu  
  • Lire les articles des journalistes pour mieux les cibler 
  • Identifier dans l’objet du mail le nom de l’entreprise et le sujet 

   

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