Mi-novembre, vous déclariez à l’AFP que « Mieux » serait une chaîne dédiée à la santé « au sens large ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
« Mieux » ne sera pas une chaîne médicale, mais abordera la santé sous un prisme global : santé physique, bien-être, prévention et interactions avec l’environnement et les animaux (« One Health »).
La crise du Covid nous a fait prendre conscience que la mortalité avait particulièrement touché les personnes en surcharge pondérale ou souffrant de maladies chroniques, des pathologies pour la plupart évitables. Derrière la formule anodine « Prends soin de toi » se cache une réalité : mieux s’occuper de sa santé permet d’éviter de nombreuses hospitalisations ou consultations médicales. C’est cette vision que nous porterons avec « Mieux ».
À quel besoin « Mieux » répond-elle ?
« Mieux » sera la première chaîne en France dédiée à une mission de santé publique. L’information médicale est trop peu présente à la télévision, alors que la montée des fake news, notamment en médecine, a accentué la méfiance du public.
« Mieux » ambitionne de combler le manque criant d’information sur la santé à la télévision. Notre chaîne s’appuiera exclusivement sur des données scientifiques. Et je peux vous assurer que si « Mieux » avait existé durant la pandémie, jamais – quel que soit le prix à payer en termes d’audience – nous n’aurions toléré qu’un profil comme celui de Didier Raoult s’exprime sur notre antenne.
Quelle est votre cible ?
Tous les publics sont concernés, pas seulement les plus de 60 ans. Nous proposerons des émissions incarnées par des visages connus, mais aussi de jeunes animateurs pour sensibiliser les nouvelles générations.
Il y aura également une émission sur les animaux, abordant à la fois leurs bienfaits pour notre santé et les maladies transmissibles à l’Homme (« zoonoses »). « Mieux » intégrera aussi des jeux autour de la culture médicale avec une touche d’humour. Car on peut très bien parler de médecine en souriant, et nous l’avons prouvé pendant des années avec Le Magazine de la santé.
Vous avez promis d’être attentif aux annonceurs et affirmez qu’aucune publicité ne passera sans votre accord. Quels sont vos critères de sélection ?
Comme pour Dr. Good, le magazine santé que j’ai lancé en 2017, aucune publicité ou partenariat ne sera validé sans mon accord. J’ai déjà refusé des annonceurs majeurs, car ils ne correspondaient pas à l’éthique et à l’exigence éditoriale et scientifique de Dr. Good.
Sur « Mieux », il serait inconcevable de diffuser des publicités pour des sodas alors que nous alertons sur leur teneur en sucre et les risques de diabète qu’ils entraînent. Ce serait une faute éditoriale qui nous décrédibiliserait immédiatement.
Parmi les piliers économiques de la chaîne figure la production de contenu avec des parrainages. Quelles seront vos directives vis-à-vis des laboratoires ?
Je ne suis pas dogmatique : les laboratoires ne sont pas des pestiférés. Sans eux, nous n’aurions pas de médicaments.
En revanche, jamais nous ne leur permettrons de faire la publicité directe d’un médicament, surtout si celui-ci nécessite une prescription.
Les laboratoires disposent cependant de fondations ou de structures dédiées à la santé publique. S’ils souhaitent financer une campagne de sensibilisation sur l’importance du vaccin contre le papillomavirus, cela ne me poserait aucun problème tant que la démarche resterait d’intérêt général et ne viserait pas à promouvoir leur propre produit.
Ne craignez-vous pas que cela affecte la confiance du public dans l’indépendance de la chaîne ?
Non, car je tiens le même discours depuis des années. Dr. Good fonctionne très bien malgré nos partenariats avec des annonceurs.
Après 35 ans de communication et de vulgarisation sur la santé, j’ose espérer avoir acquis une certaine crédibilité qui dissipe les doutes sur mon intégrité.
Quels seront les axes de diversification de « Mieux » ?
Lancer une chaîne sans diversification serait une erreur. Pour toucher les jeunes, nous miserons sur les réseaux sociaux. Et pour aller au contact du public, nous allons tenter de reproduire le succès des conférences que j’ai animées pendant des années.
Nous voulons organiser un tour de France de conférences, où je serais accompagné d’experts pour échanger avec le public. Une sorte de grande consultation, mais bien sûr sans cas particuliers !
Si « Mieux » relève d’une mission de santé et d’utilité publique, pourquoi ne pas vous rapprocher du service public ?
L’idée de « Mieux » est née avec mon frère, avec qui j’avais déjà lancé Dr. Good. Pour l’instant, le projet est entièrement privé, mais nous sommes en contact avec toutes les instances et les médias.
Nous avons rencontré tous les acteurs de la santé publique (CNAM, Santé Publique France, Ministre, Mutualité), ils sont tous très intéressés par notre démarche et nous espérons mettre en place avec eux des partenariats pour aider les Français à se prendre en charge.
Avez-vous une date de lancement ?
Notre objectif est de lancer la chaîne en juin !
Propos recueillis par Alix Fortin.