Comment travaille un journaliste desk à La Voix du Nord ?
Quand on est journaliste desk, on ne fait pas de reportages sur le terrain. Je me déplace très peu, parfois même jamais. Mon travail consiste principalement à faire de la veille. Je lis ce que publient d’autres médias et ce qui circule sur les réseaux sociaux pour repérer des sujets. Je traite le sport, le climat, l’environnement et, plus largement, l’actualité régionale.
Par exemple, pour un papier sur le marché de Noël de Strasbourg, je suis d’abord allé voir ce qu’avaient publié Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Puis j’ai vérifié si d’autres journaux locaux en parlaient. À partir de là, je reprends l’information en citant mes sources et je l'enrichis avec d’autres éléments.
Quelle relation entretenez-vous avec les attachés de presse ?
Au quotidien, je travaille assez peu avec les attachés de presse. Je reçois des communiqués, car je suis sur plusieurs listes de diffusion, mais je les exploite rarement. Si jamais le CP me semble pertinent, je demande des compléments d’informations à l’attachée de presse ou je le garde en tête pour l’intégrer dans un sujet plus large. En règle générale, si je souhaite écrire un papier, je vais tout simplement me renseigner auprès du service de presse de la marque ou de l’entreprise en question.
Qu’attendez-vous d’un communiqué de presse ?
Cela va dépendre du sujet. Dans mon service, nous traitons surtout de l’actualité nationale ou internationale. Si c’est une info très locale, par exemple une actu concernant Decathlon dont le siège est dans le Nord, c’est plutôt le desk régional qui va s’en occuper.
Pour mes rubriques, notamment le sport, je ne traite pas forcément les annonces de nouveaux produits. Mais, je peux changer d’avis si le sujet est vraiment intéressant et apporte un angle différent. L’an dernier, par exemple, je me suis rendu à Paris pour une présentation presse d’une gamme de chaussures de running. Je pouvais tester les modèles, me faire un avis. Je n’étais absolument pas obligé d’écrire derrière, mais j’ai finalement réalisé un essai pour le magazine La Voix des sports. Les informations fournies pendant la conférence m’ont permis d’enrichir des sujets déjà évoqués, notamment un autre article sur une paire portée par l’athlète Jimmy Gressier, avant sa sortie officielle.
Pour capter mon attention, j’attends des informations précises et concrètes. Pour un produit sportif, je veux les caractéristiques de la paire et son processus de fabrication. Les communiqués de presse trop marketing ne me servent pas. Ce qu’il me faut, c’est un angle clair et des détails techniques.
Quelles sources utilisez-vous pour les sujets climat et environnement ? Exploitez-vous les rapports comme ceux du GIEC ?
Pour ces sujets, je fais surtout de la veille et de la curation. Je n’ai pas de contacts réguliers avec des attachés de presse dans ce domaine. Je m’appuie souvent sur le travail des journalistes des services économie et environnement de notre rédaction. Les rapports comme ceux du GIEC sont très volumineux, nous n'avons pas forcément le temps de les lire entièrement. Dans ce cas, on s’appuie sur les dépêches de l’AFP, qu’on complète avec d’autres éléments. Notre équipe est essentiellement centrée sur l’actualité chaude. On consacre rarement une journée entière à un seul papier.
Quels conseils donneriez-vous à un attaché de presse qui souhaite s’adresser à vous ?
Je conseille de proposer un angle bien défini, de préférence lié à la région. C'est aussi utile d’envoyer des informations complémentaires pour enrichir un article déjà publié, en apportant des précisions, des données supplémentaires. Tout ce qui peut permettre d’éclairer un sujet sous un autre angle.Ce qu’attend Etienne Dujardin :
- Des compléments d’informations sur des actualités chaudes
- Des actualités régionales et nationales
- Des angles précis et des données techniques pour les thématiques sportives
- Pas de contenus marketing
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