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Médias : comment rétablir la confiance ?

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Médias : comment rétablir la confiance ?
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La confiance s'érode. Seuls 49% des Français font confiance aux médias, selon le 35e baromètre de confiance dans les médias Kantar-La Croix – ils étaient 56% en 2018. Qu'ils soient traditionnels - la radio, la télévision, la presse écrite - ou numériques, aucun n'est épargné par cette crise de confiance.
 
Cette année encore, un vent de grande méfiance souffle sur les médias. Ce faible niveau de confiance s’était fortement dégradé lors de la crise des gilets jaunes. Parmi les critiques invoquées : une remise en question de l'indépendance des médias face aux pressions politiques et économiques, la démultiplication du nombre de canaux d’information ou des actualités parfois anxiogènes, qui peuvent générer du rejet...
 
Pour les médias, le défi est de taille. Quelles solutions envisager face à cette défiance ?

 

Lutter contre la désinformation pour rétablir la confiance

 
A l'ère des fake news, difficile de distinguer le vrai du faux. Infox, deep fakes, complotisme... se propagent à grande vitesse dans un écosystème numérique qui les favorise. Le constat est sans appel : 63% des Français déclarent être confrontés plus d'une fois par mois à une fake news, selon le 34e baromètre de confiance dans les médias Kantar-La Croix.
 
Aux grands maux les grands moyens. Face à la multiplication des fake news, plusieurs initiatives voient le jour, notamment au sein des médias traditionnels – presse écrite et télévision. Des rédactions ont mis en place des services de fact-checking, comme par exemple l'AFP, avec son service de vérification des informations AFP Factuel, ou encore 20 Minutes et sa rubrique Fake Off. Des dispositifs déployés en interne qui repèrent et déconstruisent les rumeurs, hoax et fausses informations en ligne.
 
Pour lutter contre la défiance du public, les médias doivent être identifiés comme des acteurs de confiance. Conscient de l'enjeu, Reporters sans frontières a pris les devants en lançant Journalism Trust Initiative. Cette plateforme accorde une certification aux médias dignes de confiance, c’est-à-dire qui valident plusieurs critères - transparence, indépendance éditoriale ou respect des règles déontologiques pour ne citer qu’eux.
 
Face à l’avènement des fake news, les médias développent différents outils à disposition du grand public permettant de vérifier les informations : des initiatives de fact-checking indispensables pour rétablir la confiance.

 

Plus de transparence, une solution à la défiance envers les médias

 
La demande est sans équivoque. 83% des Français voudraient plus de transparence de la part des médias, selon une étude Ifop-Flint menée en 2021.
 
Plus de transparence sur les sources d’information des journalistes, mais pas seulement. C'est le monde des médias au global qui est concerné. En cause : au goût du grand public, les lieux où est fabriquée l’information laissent encore trop peu voir, lire ou entendre ce qui passe dans leurs coulisses. Une opacité qui entretient ce sentiment de grande méfiance aujourd'hui.
 
Comment renverser la tendance ? Pour répondre à cette demande de plus de transparence, les médias lancent différentes initiatives : 
  • Le Monde a lancé son projet « Trust ». Organisation de rencontres avec la rédaction, transparence sur sa gouvernance et son modèle économique : le journal mène des actions pour approfondir sa relation avec ses abonnés.
  • Le quotidien régional Ouest-France plonge ses lecteurs dans les coulisses de ses rédactions avec son podcast Making O-F. Des formats audios qui dévoilent, en quelques minutes, les dessous de leurs enquêtes.
  • Dans la même veine, le journal La Croix partage sa série audio « L’envers du récit ». Dans ces podcasts, les journalistes se livrent sur les coulisses de leurs reportages, y compris les plus difficiles : pourquoi ils l’ont écrit, comment ils l’ont vécu mais également comment l’histoire se poursuit.
 
Crise de confiance : jouer la carte de la transparence, est-ce la solution ? C’est une piste suivie par plusieurs rédactions, qui permet d'enrichir les relations entre les médias et le public - et, par la même occasion, de battre en brèche les idées reçues sur le métier de journaliste. « Au moment de la crise des gilets jaunes, c’est apparu très clairement : le public connaît très peu nos techniques de travail. Ce podcast [L'Envers du récit] est un des antidotes à ces soupçons de manipulation », déclarait en 2019 Guillaume Goubert, ancien directeur de la publication de La Croix, dans cet article Stratégies. Des propos confirmés par Pierre Célérier, alors coordinateur du blog Making-of de l’AFP « L’objectif est de montrer que la production d’information est une activité qui demande de la préparation, des moyens, des règles de vérification et de suivi pour arriver à quelque chose de fiable et vérifié. Ça permet de lutter contre l’idée que l’information n’est qu’une question de point de vue ».

 

Face à la crise de confiance : le défi de l'éducation aux médias

 
Ce mouvement de défiance envers les médias est aussi lié à la méconnaissance. Méconnaissance du métier de journalistes, difficultés à identifier les fake news... Parfois, le public n’a simplement pas les clés en main pour trier les sources d’information et évaluer leur crédibilité.
 
L’éducation aux médias est un levier efficace pour rétablir la confiance. Des journalistes, des médias ou des écoles de journalisme mettent en œuvre des projets pour accompagner le grand public, l’aider à mieux gérer le flux continu d'informations et comprendre le métier des professionnels de l’information. A l’image par exemple des journalistes bénévoles de l'association Entre les lignes, qui animent régulièrement des ateliers partout en France. Ce sont autant d’actions qui contribuent à restaurer le niveau de confiance des Français.
 
Comment éduquer aux médias ? Cette mission est en partie confiée au CLEMI. Ces dernières années, les interventions se multiplient dans les collèges, les lycées et les universités. Mais l'éducation médiatique ne concerne pas seulement les plus jeunes ! Les adultes sont tout autant concerné, et notamment ceux qui n’ont pas encore les codes du digital - et sont donc cibles privilégiées des fake news. 
 
En bref, pour rétablir la confiance, des solutions existent. S’engager à plus de transparence, lutter contre la désinformation, accompagner le public… Les médias ont plusieurs leviers pour endiguer ce mouvement de défiance. L’enjeu reste immense.

Emma Alcaraz