Le 5 octobre dernier, 2050NOW a donc publié sur YouTube, sa première vidéo. Celle-ci est consacrée à l'histoire de la protection du panda. Jusqu’ici, vous ne proposiez que des vidéos courtes. Pourquoi proposez-vous désormais des formats plus longs ?
Ces nouveaux formats nous permettent avant tout de diversifier notre offre. Ils permettent également d’ajouter de la nuance et de la complexité, ce qui est d’autant plus pertinent pour des sujets liés la transition écologique, qui tendent souvent vers l’émotion et la binarité. De plus, le grand avantage de ces formats longs, comparativement à des plateformes telles que TikTok, c’est qu'ils permettent de donner la parole à des personnes, notamment des scientifiques, dont les analyses ne peuvent être résumées en quelques secondes.
Nous allons proposer trois formats bien distincts : du narratif et des reportages. La première rubrique, narrative, s’appelle « Success Story ». La suivante propose une approche de l’environnement à travers le jeu vidéo « Minecraft », l’objectif étant d’utiliser un objet de culture populaire pour mieux appréhender des questions complexes liées au climat. La dernière proposera du reportage, avec l’objectif d’aller à la rencontre de celles et ceux qui qui s’adaptent et créent des solutions.
En étant présents sur plusieurs plateformes, quel type de public cherchez-vous à atteindre ?
Sur YouTube, nous allons chercher ceux qui ne regardent plus la télé ; à savoir les moins de 35 ans. Plus largement, nous visons les 17-40 ans. Nous avons d’ailleurs été surpris de constater que sur les plateformes verticales, notamment TikTok, nous touchions un public plus large, allant de 18 à 40 ans. Cela démontre que ces plateformes gagnent en popularité.
Avec la multiplication des médias spécialisés dans les enjeux climatiques, pourquoi lancer 2050NOW ? Et en quoi se distingue-t-il des autres, selon vous ?
Le paysage médiatique, tout particulièrement sur le thème de l’environnement est effectivement très saturé. Seulement, nombre de ces médias sont plutôt sur le mode de la dénonciation et du ressenti. Leurs approches sont certes efficaces et nécessaires, mais peu d'entre eux mettent en avant des solutions concrètes. C'est justement là que nous intervenons, avec le triptyque suivant : compréhension, solutions, action.
En croisant plusieurs études, nous avons découvert que 14 millions de Français s’estimaient « coincés » entre les discours militants culpabilisants et le greenwashing décourageant des entreprises.
Nous avons alors réalisé qu’il y avait une place à prendre du côté de la solution. Et qu’il suffisait de donner des clés de compréhension à ces millions de personnes, mais aussi partager avec elles des solutions, pour les inciter à l'action. Nous en sommes convaincus : c’est ainsi que nous pourrons créer du progrès, dans un monde dont nous connaissons désormais les limites planétaires.
Quels sont les objectifs de 2050NOW ?
En termes d’audiences, nous avons déjà dépassé, dès le mois d’août, notre objectif de 10 000 abonnés par plateforme, initialement fixé à décembre. Financièrement, l’objectif est d’atteindre l’équilibre d’ici à 5 ans, en monétisant cette audience à travers trois piliers de conversion principaux constituant le modèle économique du média.
Lesquels ?
Le premier est le jobboard de notre newsletter gratuite. Il inclut pour l’instant quatre offres d’emplois issues d’entreprises et secteurs à impact. Notre objectif est qu’en 2025, les entreprises paient pour y afficher leurs offres d’emploi.
Le deuxième s’inspire du modèle des « infopreneurs » : du micro-learning sous forme de vidéos payantes. Grâce à la notoriété des vidéos de nos réseaux sociaux, nous proposerons d’approfondir les sujets à travers des formations payantes axées sur les thématiques « conso, boulot, santé ».
Le troisième pilier repose sur les newsletters de GreenUnivers, un média B2C spécialiste du secteur de la transition énergétique, que nous avons racheté et intégré au sein de la structure 2050NOW. Son intention est de créer plus de croissance, par le développement de nouvelles newsletters. Notamment une newsletter payante à destination d’un public professionnel, prévue pour cette fin d’année.
Proposer des formations suppose de pousser au passage à l’action. Comment se positionne donc 2050NOW sur la question de l’engagement ?
2050NOW se définit comme un média engagé, sans être militant. Nous considérons que la liberté individuelle doit se faire dans le respect du bien commun, dans un schéma global et collectif. Nous nous voulons au plus près de la science et de l'entreprise, l’enjeu est de réconcilier écologie et économie, notamment à travers « La Maison », une activité d'accompagnement des entreprises dans leurs transformations vertes. Les entreprises étant une grande partie du problème de la transition écologique, elles sont, en conséquence, une grande partie de la solution.
Quelles sont concrètement les missions de ces deux structures ?
2050NOW fonctionne comme un écosystème, où d’un côté, le média s’adresse au grand public, et de l’autre, « La Maison » s’adresse aux entreprises. Anciennement Netexplo, la « Maison » est un centre de connaissance et d’accélération de la transformation durable des entreprises. Le média et la « Maison » sont financièrement autonomes et ont tous deux pour objectif d’accompagner, les individus ou les entreprises, vers la transition écologique.
Comment garantir l’indépendance éditoriale du média vis-à-vis de la « Maison » ?
Pour éviter tout soupçon de green washing, nous n’avons ni publicités, ni brand content. De plus, nous nous sommes dotés d’un conseil scientifique de 12 profils variés, qui exercent dans la science ou dans l’ingénierie, en France comme à l’étranger. Concrètement, ce conseil se réunit pour faire le point sur l’éditorial de 2050NOW. Par exemple, ces derniers jours, la rédaction a déjeuné avec un économiste qui a partagé avec nous son expertise et émis un retour sur nos contenus. Nous avons également pour ambition de devenir une entreprise à mission, nous inscrivant ainsi dans une finalité sociale et environnementale. Ce statut s’obtient par la vérification d’une entité extérieure qui certifie que l’entreprise respecte ses engagements.
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées depuis la création du média ?
2050NOW est le troisième média que je lance et mon expérience permet de mieux prioriser. Mais la principale difficulté a été de construire une communauté en ne partant de rien. C’était un point principal du cahier des charges en tant que propriété du groupe Le Parisien-Les Échos. L’objectif était d’atteindre un nouveau public sans dupliquer ceux des autres marques médias. Et nous y sommes parvenus en faisant appel à des micro-influenceurs, des créateurs de contenus sans nécessairement de grandes audiences, mais parfaitement en accord avec nos valeurs.
En tant qu’habituée des lancements de médias, quelle est votre approche managériale avec 2050NOW ?
Pour Vincent Giret, notre directeur général, et moi-même, il est primordial que nous développions un environnement de travail sain. Cela commence par rémunérer correctement nos collaborateurs, les contractualiser s’ils sont réguliers et respecter strictement le temps de travail. D’ailleurs, les jeunes journalistes avec lesquels nous travaillons nous le font comprendre et ont bien raison.
Le tout avec des moyens raisonnés. Nous sommes loin d’être aussi nombreux que des grosses rédactions vidéo comme Brut, Le Monde ou Le Parisien. L’enjeu est de mettre les bonnes ressources au bon endroit, entre les contenus gratuits, qui créent de la notoriété, et les contenus payants, qui permettent d'asseoir notre modèle économique.
Quelles sont les prochaines étapes majeures de 2050NOW ?
Avec les récents lancements de la newsletter gratuite et de la chaine Youtube, qui s’ajoutent aux vidéos courtes, nous avons désormais nos trois principaux piliers, qu’il faut dorénavant développer et consolider. Cependant, il faut un certain temps avant de se prononcer sur une potentielle réussite. Bien que notre lancement ait été un succès en termes d'audience, il faudra environ deux ans pour construire et stabiliser notre communauté. Le défi sera surtout de devenir un acteur qui compte dans le marché de l’information.
Propos recueillis par Alix Fortin.