Le Média Jérôme Doncieux (majelan X) : « L’audio est l’avenir de l’écrit »
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Jérôme Doncieux (majelan X) : « L’audio est l’avenir de l’écrit »

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Face à un public toujours plus mobile et multitâche, les médias peinent à capter l’attention et à monétiser efficacement leurs contenus. majelan X, plateforme d’audio IA fondée par Jérôme Doncieux, leur propose une alternative : transformer automatiquement leurs articles en expériences sonores immersives. À l’approche du lancement d’une V2 intégrant l’IA conversationnelle, son fondateur explique à MediaConnect pourquoi l’audio pourrait jouer un rôle clé dans l’avenir de l’information. 

Jérôme Doncieux (majelan X) : « L’audio est l’avenir de l’écrit »
Jérôme Doncieux (majelan X) : « L’audio est l’avenir de l’écrit »
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Majelan X permet d’automatiser la conversion de textes en contenus audio. En quoi cette technologie constitue-t-elle une opportunité pour les médias ?

L’opportunité majeure pour les médias repose sur ce que nous appelons chez majelan X la « révoluSon » industrielle. Grâce à notre solution, les rédactions peuvent convertir automatiquement et à grande échelle leurs articles en expériences sonores immersives et qualitatives. Cette évolution s’inscrit à la croisée de trois dynamiques : une avancée technologique avec l’essor du text-to-speech (TTS) basé sur l’IA, une mutation des usages où le « multitasking », la fatigue digitale et le manque de temps font de l’audio un complément naturel à la lecture, et une opportunité économique, car chaque innovation qui s’adapte aux nouveaux comportements d’usage ouvre des perspectives de marché.

Le « multitasking » consiste à faire plusieurs choses en même temps. Avez-vous observé un impact sur la capacité de concentration des auditeurs ?

L’audio est un mode de communication naturel et instinctif. Dès la vie in utero, l’ouïe est le premier sens activé. C’est ce qui rend possible l’écoute en situation de « multitasking ». Nos observations vont dans ce sens : l’un de nos clients, une grande entreprise, a déployé majelan X auprès de 200 collaborateurs. 85 % d’entre eux l’utilisent en situation de mobilité, que ce soit en transport, en télétravail ou en déplacement, ce qui valide l’intérêt de l’audio comme support d’information. Nous avons constaté une utilisation moyenne de 15 minutes par jour de la plateforme par les collaborateurs. Leur consommation se répartit ainsi : 35 % écoutent des contenus d’entreprise et 65 % des contenus majelan X. Par ailleurs, 65 % des collaborateurs utilisent l’application au quotidien. Cela dit, le défi est également de garantir une expérience d’écoute qui favorise une réelle assimilation de l’information, même en multitâche. Nous travaillons activement sur cet enjeu.

Quel est l'impact mesuré de majelan X sur l'engagement des audiences ?

Aujourd’hui, nous sommes le leader français de l’audio IA. Notre audience est passée de 700 000 à 2,4 millions d’utilisateurs mensuels en un an. Le taux de complétion, c’est-à-dire le temps d’écoute moyen par contenu, est un indicateur clé. Il a progressé de 20 % à 60 % en un an. Cela montre que l’audio peut capter l’attention et fidéliser les utilisateurs, à condition d’offrir une expérience fluide et adaptée aux habitudes d’écoute.

Avec quels médias collaborez-vous déjà ?

Nous travaillons avec plusieurs titres de presse, dont Le Figaro, La Tribune, L'Express, Le Point, L'Équipe, La Dépêche et Le Parisien. Ce qui est intéressant, c’est que l’audio ne se substitue pas au texte : il le prolonge. Contrairement à la vidéo, qui peut être perçue comme un format concurrent du texte, l’audio s’appuie directement sur l’écrit. En transformant les articles en contenus sonores, nous leur donnons une nouvelle dimension et une accessibilité accrue. D’une certaine manière, l’audio est l’avenir de l’écrit.

Quels sont les publics cibles ?

L’audio-IA représente un levier stratégique pour les médias, en particulier pour trois groupes d’audience. Les jeunes lisent moins, mais s’informent autrement. Il est essentiel de les toucher sur leurs usages, notamment via l’écoute en mobilité et sur smartphone. Les CSP+ constituent un public clé en termes de monétisation. Leur proposer du contenu audio leur permet d’accéder à l’information même lorsqu’ils manquent de temps pour lire. Enfin, les seniors trouvent dans l’audio une solution précieuse pour accéder plus confortablement aux contenus qu’ils pourraient avoir des difficultés à lire.

Quel modèle de monétisation la solution majelan X offre-t-elle aux médias ?

L’audio publicitaire fonctionne sur plusieurs formats, notamment le « pré-roll », inséré en début ou en milieu d’écoute. Un exemple concret : un grand éditeur de presse a vu ses revenus publicitaires issus de l’audio multipliés par six en un an. Cela montre qu’il existe un marché en pleine expansion. Un autre levier clé est la publicité locale. L’audio permet une automatisation et un ciblage plus précis des annonces, offrant ainsi de nouvelles opportunités de monétisation aux médias locaux.

Vous annoncez une V2 intégrant un  « mX éditorial » capable d’évoluer en temps réel et de s’adapter aux préférences de chaque utilisateur. Quelle différence avec la V1 ?

Jusqu’ici, l’écoute des médias était passive : la V1 proposait des playlists d’articles lus, sans interaction possible. Avec la V2, nous passons à une écoute dynamique et interactive. Il sera possible de poser des questions à l’IA pour approfondir un sujet ou naviguer d’un contenu à l’autre en fonction de ses préférences. Exemple : un utilisateur qui écoute un article économique sur La Tribune pourra demander plus de détails sur un chiffre clé, ou basculer vers un contenu connexe. C’est une nouvelle manière de consommer l’information, plus engageante et personnalisée.

L’IA appliquée aux médias soulève autant d’opportunités que de défis. Jusqu’où peut-elle aller dans l’automatisation du contenu, sans dénaturer l’expérience journalistique ?

L’IA ne remplace pas le travail des journalistes, elle l’accompagne. L’information reste produite par les rédactions. L’IA permet simplement d’en maximiser la diffusion et l’accessibilité. Un enjeu clé concerne les nouveaux canaux de diffusion. Aujourd’hui, les médias touchent leur audience via leur site web ou leur application. Demain, ils devront être présents sur les plateformes audio comme Spotify et Apple Podcasts, et dans les voitures connectées, un espace où l’audio prend tout son sens. Mais nous sommes conscients des risques éthiques liés à l’IA : fraude au CEO, deepfakes… C’est un sujet que nous prenons très au sérieux. En tant que président du syndicat des agences de presse d'information, dont fait partie l'AFP, j’estime que nous avons une responsabilité sur ces questions. L’éthique doit rester un pilier central de l’innovation dans l’audio-IA.

   

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