« Pendant 20 ans, je n’ai pas su raconter les histoires », confesse Jules Lavie, à l’occasion de l’épisode #53 de notre podcast « Ça bouge dans les médias ». Un aveu qui prend une dimension particulière lorsque l’on se penche sur le parcours de celui qui est devenu rédacteur en chef au Parisien et présentateur du podcast à succès « Code Source » après deux décennies d’expérience en radio.
« Souvent, les journalistes pensent que parce qu’ils sont journalistes, ils savent raconter. Pas forcément ! La narration, c’est comme tout : ça s’apprend. » S’approprier et maîtriser les codes de la narration fut d’ailleurs la première démarche de Jules Lavie au moment de prendre la tête du projet « Code Source », en 2019. Un soin tout particulier apporté à la mise en scène de l’information, devenu aujourd’hui la marque de fabrique de l’un des trois podcasts d'actualité les plus suivis de France.
Mettre en scène l’information pour la valoriser
Dans l’imaginaire collectif, la narration est bien souvent considérée comme l’apanage des œuvres de fiction. L’information, de par sa nature et son importance, se devrait d’être sobre, dépouillée, d’aller à l’essentiel. Mais pour atteindre sa cible, le traitement de l’actualité doit également susciter l’intérêt de l’audience, retenir son attention. C’est là qu’intervient la notion de storytelling.
« On essaye de créer une attente dans le récit, analyse Jules Lavie. Quand un auditeur tombe sur “Code Source”, il entre dans une histoire. Et quand on entre dans une histoire, on en veut la fin. » Une écriture scénaristique, qui se rapproche en définitive du processus de création des films ou des séries. Un procédé parfois mis en application au détriment de l’information ? Jamais !
« On ne va jamais trahir la vérité, travestir les faits pour privilégier une piste narrative plutôt qu’une autre », certifie notre interlocuteur. Avant de poursuivre : « Tout est une question d’ordre : quel élément mentionne-t-on en premier ? Par quel élément fort finit-on l’histoire ? ». La mise en scène de l’actualité est donc au service de cette dernière, et ne se fait en aucun cas à ses dépens.
Un prolongement du Parisien
Manière de faire différente, but identique. Comme toutes les productions du Parisien, le podcast « Code Source » a pour vocation de traiter une actualité de manière journalistique, et est un prolongement de la ligne éditoriale du média.
« Le Parisien est un journal populaire et de qualité. “Code Source” n’en est qu’une émanation », confirme Jules Lavie.
En tant que tel, le programme audio conserve le même ADN que son entité mère, et tâche de s’en faire le meilleur relais possible. Ce principe se concrétise notamment au travers de la sélection des sujets traités.
« Pour sélectionner un sujet, je regarde tout ce que font les éditions locales du Parisien. On part systématiquement du journal », nous explique le présentateur.
Les journalistes de la rédaction sont par ailleurs mis à contribution. Si Jules Lavie fait office de maître de cérémonie et guide ses interlocuteurs en égrenant les questions et la trame élaborées en amont, ce sont bien eux qui occupent le rôle du conteur dans chacun des épisodes. « Moi, je ne suis que le présentateur, énonce-t-il. Le fil rouge du podcast en quelque sorte. Mais ce sont les journalistes qui sont au micro et qui racontent l’essentiel de l’histoire. »
Des intervenants de choix, qui permettent de garantir la rigueur et la qualité du traitement d’une information qu’ils ont déjà appréhendée pour la rédaction de leur article.
Un « business model » d’avenir ?
C’est le nerf de la guerre de tout média : parvenir à monétiser son audience. Le Parisien n’échappe pas à la règle, et entend bien rentabiliser l'immense bassin d’auditeurs qu’a réussi à se bâtir « Code Source ». Comment ? Par le biais de revenus publicitaires. « Les revenus sont générés par les pre-rolls et les post-rolls, les publicités que l’on entend avant et après le podcast », détaille Jules Lavie.
Cette monétisation permet au programme d’afficher de hautes ambitions. « Depuis le début de l’année, le podcast a généré 250 000 €. Sachant que l’on coûte dans les 300 000 € par an. L’objectif pour 2024, c'est que “Code Source” soit à l'équilibre.» Avant, pourquoi pas, de basculer dans un résultat financier positif à l’avenir.
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