Près de la moitié des rédactions à travers le monde utilisent déjà des outils d’intelligence artificielle. C’est ce que révèle une étude de l’Organisation mondiale de la presse, la World association of news publishers (WAN-IFRA) publiée en mai 2023 en collaboration avec Schickler Consulting.
S’il y a quelques décennies seulement, les journalistes se contentaient de travailler avec un carnet, un stylo et un téléphone, ils s’appuient donc désormais sur des technologies de pointe. Mais quels sont leurs outils fétiches, dans cette nouvelle ère de l’information ? Et quelle est la « stack technique » idéale pour un journaliste en 2024 ? Voici notre sélection.
Des outils de veille et de recherche d’informations de plus en plus puissants
D’après le rapport sur l’état des médias 2023 de Cision, 96 % des journalistes utilisent les réseaux sociaux dans le cadre de leur travail, que ce soit pour faire de la veille, pour se connecter avec des experts ou encore pour repérer des « trending topics ». Mais pour tirer efficacement parti de X, Instagram ou encore Facebook, les journalistes sont nombreux à utiliser des outils tiers, qui leur permettent de suivre des mots clés spécifiques ou d’analyser des tendances.
On peut par exemple citer l’extension CrowdTangle, dédiée au « social listening », ou bien l’outil Tweetdeck, récemment rebaptisé XPro, qui propose un tableau de bord pour suivre des comptes, des hashtags ou encore des mots clés spécifiques sur X. Longtemps gratuit, il est récemment devenu payant suite aux dernières évolutions de la plateforme X.
Au-delà des réseaux sociaux, les professionnels de l’information sont également nombreux à utiliser les outils de veille Google (Google Alerts, Google Trends), et à avoir recours à des salles de presse digitales. Avec MediaConnect, par exemple, ils peuvent accéder à tous les communiqués de presse partagés sur la plateforme, en les filtrant selon les thématiques qui les intéressent et en paramétrant des alertes personnalisées. De quoi faire une veille efficace, tout en luttant contre l’infobésité.
Des outils de production de contenu multimédia toujours plus accessibles
Selon Cision, 45 % des journalistes affirment cette année avoir intégré à leurs articles des infographies, 43 % des vidéos, 28 % des posts médias sociaux et 13 % de l'audio. Et pour cause, il existe aujourd’hui une multitude d’outils permettant de les créer, sans avoir besoin de compétences graphiques très poussées.
Canva permet par exemple de créer des visuels en quelques clics, tandis que Dalet Flex offre des fonctionnalités simplifiées de montage et d’édition de vidéos, et Datawrapper démocratise la visualisation de données. Les outils pour enregistrer, monter, éditer et diffuser des podcasts se sont également multipliés : Zencastr, Audacity ou Ausha en font notamment partie.
Des plateformes de publication et de diffusion adaptées aux besoins des journalistes
Le CMS (Content management system) est bien souvent l’outil central de tout média d’information en ligne. Il s’agit en effet de la plateforme qui permet d'organiser, de publier et de diffuser le contenu de manière structurée, et, dans certains cas, de le monétiser.
Le magazine britannique Press Gazette, s'est récemment associé à l'outil d'analyse de sites web BuiltWith, pour analyser plus de 2 000 des principaux sites d'actualités du monde et répertorier les CMS les plus utilisés. Selon cette étude, 44 % des médias en ligne utilisent la solution open source Wordpress, parmi lesquels The Economist, Al Jazeera, ou The New York Times. En deuxième et troisième position, on retrouve Drupal et Hubspot CMS Hub.
Les journalistes sont également de plus en plus nombreux à se tourner vers des outils de diffusion dédiés aux réseaux sociaux comme Hootsuite ou Buffer, qui leur permettent de planifier leurs posts et d’automatiser certains aspects de la diffusion de leur contenu.
Des outils de fact-checking en plein développement
Le fléau des fake news et de la désinformation fait profondément évoluer le travail des journalistes. Nous en parlions d’ailleurs dans notre podcast « Ça bouge » avec Grégoire Lemarchand et Sophie Nicholson, respectivement rédacteur en chef et rédactrice en chef adjointe de l’investigation numérique à l’AFP.
Dans ce contexte, les professionnels de l’information consacrent de plus en plus de temps et d’énergie à vérifier leurs sources. Heureusement, des outils émergent peu à peu pour les assister dans cette tâche :
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Botometer permet par exemple de vérifier l’authenticité d’un compte X.
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L’outil YouTube Dataviewer d’Amnesty International aide à extraire les métadonnées de contenus diffusés sur la plateforme YouTube.
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InVID aide à évaluer la véracité de vidéos.
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TinEye est un moteur de recherche d’images inversé.
Le géant Google propose par ailleurs lui-même un outil dédié à la vérification des informations : Fact Check Explorer. Les ressources à disposition des journalistes se multiplient donc, même s’il faut souligner qu’elles sont rarement fiables à 100 %.
Une nouvelle génération d’outils de rédaction et d’édition, basés sur l’IA
Comme nous l’évoquions en introduction de cet article : l’intelligence artificielle fait actuellement une entrée fracassante dans le monde de l’information, et en particulier le robot conversationnel ChatGPT. Les journalistes sont déjà nombreux à l’utiliser pour condenser des informations, corriger des textes ou encore trouver des idées de sujets.
En juillet dernier, Google a par ailleurs annoncé le lancement prochain de « Genesis », un outil d’intelligence artificielle visant à aider les journalistes à écrire des articles de presse. Il vise à proposer tout un ensemble de fonctionnalités dédiées aux journalistes en matière d'agrégation de l’information, de synthèse et d’aide à l’écriture.
Cette annonce a évidemment suscité de vives réactions et inquiétudes de la part de la profession, mais le New York Times, le Washington Post ou encore le Wall Street Journal font partie des grands médias qui souhaitent explorer les possibilités qu'offre le futur outil. Les technologies qui facilitent et transforment le travail des journalistes n’ont donc pas fini d’évoluer !
Ingrid de Chevigny